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Pour lutter contre le risque de surpoids et d’obésité infantile, nombre de parents incriminent les matières grasses. Grave erreur ! Non seulement ces groupes d’aliments sont indispensables à la croissance. Mais en faisant cela, ces personnes substituent aux lipides d’autres nutriments qui, eux, peuvent conduire au développement de la masse grasse.
L’incidence de l’obésité infantile reste élevée dans un grand nombre de pays. L’évolution des apports nutritionnels explique difficilement l’épidémie d’obésité, puisque ces derniers temps, alors que l’obésité augmente, les scientifiques ont observé que les apports caloriques et lipidiques eux diminuent. Et si l’alimentation du début de vie expliquait ce paradoxe ? C’est en tout cas ce qu’avancent des chercheurs français*.
Ces derniers ont en fait relevé une interprétation biaisée des recommandations nutritionnelles de la part des parents. En effet, nombreux sont ceux qui privilégient pour leurs petits les protéines au détriment des lipides. En effet, dans leur esprit, dans « lipides », il y a « graisses ». Lesquelles riment naturellement avec obésité.
Et c’est bien dans cette confusion que réside le nœud du problème. Selon un récent travail conduit par l’Association française de Pédiatrie ambulatoire (AFPA), « seuls 16% des parents savent qu’il faut limiter l’apport en protéines de leur enfant pour lui éviter un surpoids. Mais ils sont 57% à montrer du doigt les matières grasses, dont le tout petit a pourtant grand besoin… »
Les lipides : 50% de l’apport énergétique
En effet, il a déjà été établi qu’un apport élevé en protéines est associé à une adiposité plus élevée chez l’enfant prédisant un risque d’obésité. A l’opposé, comme le rappelle l’AFPA, « l’apport en graisse est nécessaire à une croissance harmonieuse et à la construction du système nerveux central. » Les scientifiques de l’Inserm vont plus loin rappelant que « l’étude ELANCE (Étude Longitudinale Alimentation Nutrition et Croissance des Enfants) a montré une association entre des apports faibles en lipides (principalement due aux apports faibles en acides gras saturés) à l’âge de 2 ans et une augmentation de la masse grasse. »
Dans les faits, on constate ainsi que dans de nombreux pays industrialisés, les apports en protéines représentent 3 à 4 fois les besoins des enfants. A contrario, « en France, l’Anses recommande que la part des lipides jusqu’à 3 ans représente 45 à 50% de l’apport énergétique, alors que les apports moyens observés atteignent souvent à peine 30 %. L’étude EDEN a montré qu’à l’âge de 8 mois, seuls 5% des enfants ont des apports suffisants en lipides. »
Pour les auteurs, pas de doute : « le déséquilibre alimentaire, en particulier l’excès de protéines et les apports faibles en lipides ont contribué à l’épidémie d’obésité relevée dans de nombreux pays. »
*Inserm, U1153, Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle
Source : Apports lipidiques pendant la période périnatale ; relation avec l’obésité de l’enfant et du futur adulte, EDP Sciences, 2018 – AFPA, mai 2018
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet
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