OGM : front uni contre l’étude de Gilles-Eric Séralini

22 octobre 2012

Après l’Autorité européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) le 4 octobre dernier, six académies nationales françaises vendredi soir et le Haut Conseil des Biotechnologies ce lundi matin 22 octobre, l’ANSES vient à son tour, dans l’après-midi du même jour, de pointer sévèrement les faiblesses de l’étude portant sur la dangerosité du maïs OGM, dite ‘Etude Séralini’ du nom de son auteur principal. Ce véritable front des scientifiques adresse un camouflet aux auteurs de ce travail, dont les résultats alarmants ont tourné en boucles dans les médias français… et au-delà.

L’Agence nationale de Sécurité sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) a été saisie par le gouvernement, qui lui demandait d’examiner la publication de Séralini et al. parue le 19 septembre dernier. Selon l’Agence, « les résultats de ce travail de recherche ne permettent pas de remettre en cause les évaluations réglementaires précédentes sur le maïs NK603 et le Roundup ». Pour ses responsables, « la faiblesse centrale de l’étude réside dans le fait que les conclusions avancées par les auteurs sont insuffisamment soutenues par les données de cette publication. Celle-ci ne permettent pas d’établir scientifiquement un lien de cause à effet entre la consommation du maïs OGM et/ou des pesticides et les pathologies constatées ».

L’ANSES recommande que des études et des recherches soient engagées, pour déterminer les effets à long terme des OGM. « Ces travaux devraient être menés dans le cadre de financements publics, et sur la base de protocoles d’investigation précis ».

Une communication peu éthique ?

Pour leur part, six académies scientifiques ont publié ce vendredi soir un avis pour le moins virulent. « La méthodologie statistique classique n’a pas été employée en ce qui concerne la survenue des tumeurs, le choix des animaux utilisés est sujet à caution, et enfin des éléments quantitatifs essentiels pour l’interprétation des résultats ne sont pas pris en compte ». Ils s’étonnent d’ailleurs de l’ampleur du bruit médiatique provoqué par ce travail, qui a résonné jusque dans les ministères et le Parlement… « Il est rare en France, qu’un non-événement scientifique de cette nature suscite de telles passions jusqu’à mobiliser aussi rapidement les membres du Parlement » soulignent les signataires.

Ils condamnent enfin l’opération de communication savamment orchestrée par les équipes de Séralini. « La forme de communication (retenue) soulève de nombreuses interrogations, notamment la concomitance de la sortie de deux livres, d’un film et d’un article scientifique, avec l’exclusivité de leur contenu accordé à un hebdomadaire, assortie d’une clause de confidentialité y compris vis-à-vis des scientifiques jusqu’à la conférence de presse ».

Aller plus loin :

– Lire l’avis du Haut Conseil des Biotechnologies ;
– Lire l’avis des six Académies ;
– Prendre connaissance de l’avis de l’ANSES ;
– Lire le compte-rendu de l’examen de l’étude par l’EFSA (en anglais) ;
– Télécharger l’étude du Pr Séralini ;
– Lire notre dossier sur les OGM, publié en septembre 2010 et intitulé : Vers un retour des OGM en France ?

  • Source : Avis des Académies nationales d’Agriculture, de Médecine, de Pharmacie, des Sciences, des Technologies et Vétérinaire, 19 octobre 2012 – Haut Conseil des Biotechnologies, ANSES, 22 octobre 2012

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