Omicron : un risque « logique » de réinfection

14 février 2022

Plus contagieux et moins dangereux : voilà comment semble se caractériser le variant Omicron, qui représente aujourd’hui 99% des nouvelles contaminations en France. Son potentiel de réinfection serait aussi plus important que les variants précédents. Pour la chercheuse du CNRS Morgane Bomsel, ce n’est pas vraiment une surprise.

En quelques semaines, Omicron a presque fait oublier le variant Delta, encore majoritaire en France fin 2021. Selon les dernières données de Santé publique France, le variant apparu en Afrique du Sud en novembre dernier représente désormais une écrasante majorité des nouvelles contaminations dans le pays, à 99%.

Et on est sans doute loin d’en avoir fini avec ce variant. En effet, selon un rapport publié par des chercheurs de l’Imperial College de Londres, il possèderait un potentiel de réinfection que n’avaient pas ses prédécesseurs. « Le risque de réinfection avec le variant Omicron est 5,4 fois supérieur à celui du variant Delta », écrivaient les scientifiques mi-décembre.

Echappement immunitaire

Très commentés en France, ces chiffres n’étonnent pas Morgane Bomsel, chercheuse CNRS à l’Institut Cochin. Pour cette spécialiste en immunologie des muqueuses, « cela semble assez logique : Omicron induit des mutations qui permettent au virus d’entrer plus facilement et de mieux s’accrocher et donc infecter les cellules. Ces mutations permettent aussi d’échapper à l’effet bloquant de l’immunité que l’on peut développer soit après infection, soit après vaccination ». 

La combinaison de ces deux facteurs (une plus grande infectiosité et un « échappement immunitaire » avec des anticorps inefficaces) contribue à augmenter le risque de réinfection par Omicron. Celui-ci est toutefois moindre après avoir reçu une dose de rappel de vaccin qu’après seulement deux doses : « l’efficacité du vaccin contre l’infection symptomatique à Omicron [est] comprise entre 0 et 20% après deux doses, et entre 55 et 80% après une dose de rappel », indique l’étude britannique.

Vers une quatrième dose ?

Ce défaut d’immunité protectrice pourrait aussi s’expliquer par le fait qu’il n’est pas certain qu’Omicron soit issu de Delta. A ce jour, on ne sait d’ailleurs toujours pas précisément comment il a émergé. Une étude chinoise parue en décembre dans le Journal of Genetics and Genomics a par exemple émis l’hypothèse qu’Omicron serait la conséquence du passage du virus de l’homme à la souris, puis de la souris à l’homme.

Avant de songer à une éventuelle quatrième dose, Morgane Bomsel invite donc à la prudence : « en général, on attend des coronavirus qu’ils mutent pour produire des pathologies moins sévères. C’est ce qu’il se passe avec Omicron : plusieurs publications en pre-print (pas encore évaluées par les pairs, ndlr) indiquent que ce variant n’infecte pas bien les cellules du poumon. Ce qui expliquerait ce que l’on peut voir cliniquement : une limitation de la sévérité de la maladie, avec de simples symptômes gastro-intestinaux qui se résolvent bien chez les jeunes, par exemple. Et c’est ce qui est important ».

A noter : Dans son avis du 19 janvier, le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale a estimé « que les données disponibles n’appellent pas actuellement à la mise en place d’un second rappel vaccinal » (soit une quatrième dose) en population générale, mais qu’il « pourra faire évoluer sa position en fonction de la parution de nouvelles données scientifiques ».

  • Source : Interview de Morgane Bomsel, chercheuse CNRS à l’Institut Cochin - Santé publique France – Imperial College of London - Journal of Genetics and Genomics - Conseil d’Orientation de la Stratégie Vaccinale - Le 9 février 2022

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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