Ostéoporose : l’épidémie mieux cernée

05 octobre 2004

Qui sont les patientes et patients les plus menacés d’ostéoporose ? Comment les traiter mieux et surtout les identifier avant toute fracture, pour mieux préserver leur qualité de vie? Peut-on même prévenir la perte de substance osseuse?

Depuis une vingtaine d’années, l’ostéoporose se développe au rythme de l’augmentation de l’espérance de vie. Au point d’avoir pris selon l’OMS, les proportions d’une ” épidémie silencieuse “.

Plus de 5 000 participants, venus des Etats-Unis mais aussi d’Europe, de Chine ou du Japon, sont réunis actuellement à Seattle (Etat de Washington) pour la 26ème réunion de l’American Society for Bone and Mineral Research, l’ASBMR. Avec près de 2 000 présentations scientifiques sous la forme de conférences, de présentations interactives ou d’échanges avec les enseignants et les chercheurs… L’ASBMR compte un peu moins de 4 000 membres outre-Atlantique mais son rayonnement scientifique s’étend bien au-delà. Et l’association assure depuis quelques années, un rôle majeur dans l’orientation de la recherche et la diffusion de ses résultats.

Intervenant dès la seconde journée de ce congrès majeur, l’Américaine Jane A. Cauley de l’Université de Pennsylvanie à Pittsburgh, s’est trouvée associée à pas moins de… 26 des travaux discutés à Seattle. Des travaux qui confirment la valeur prédictive de certaines méthodes diagnostiques avancées. Mais qui aussi, permettront peut-être demain de mieux identifier les populations à risque.

Les hommes aussi…
Il est acquis que la mesure de la densité minérale osseuse (DMO) permet de déterminer le risque d’ostéoporose chez la femme. Ce qui n’a pas convaincu certains gouvernements d’en assurer la prise en charge… Désormais, sa précision est également consacrée chez l’homme. Au terme d’un travail sur près de 6 000 individus de 65 ans et plus, Cauley et ses collaborateurs ont ainsi montré que le risque de fractures ostéoporotiques – vertébrales et de la hanche – augmente considérablement chez les hommes dont la DMO est inférieure à la normale.

Par ailleurs, les os étant innervés -c’est-à-dire qu’ils renferment des fibres nerveuses- la question se pose de savoir s’ils sont sensibles aux complications neurologiques de certaines maladies. La neuropathie diabétique par exemple, est associée à une plus grande fréquence des chutes avec fractures. Mais quel est le facteur déclenchant ?

Les troubles de la conduction nerveuse augmentent-ils la fréquence des fractures ou seulement celles des chutes accidentelles qui, à leur tour, entraînent une fracture traumatique ? L’éternelle question de savoir si la chute a provoqué la fracture ou l’inverse… Une autre étude, la Health, Aging and Body composition study a ainsi permis à plusieurs équipes – dont Cauley, toujours… – de démontrer la relation objective entre les troubles nerveux et une baisse significative de la densité osseuse. Un travail qui devrait nous amener à mieux surveiller les diabétiques.

Ce devrait aussi être le cas des patients traités au moyen de la dernière génération d’antidépresseurs, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Une étude transversale sur 6 000 individus de sexe masculin a montré, là encore, que chez ces patients la DMO mesurée au niveau de la hanche ou de la colonne lombaire était diminuée de manière significative. ” Un résultat qui s’il est confirmé dans d’autres populations, justifierait un dépistage de l’ostéoporose chez les patients traités ” par ces antidépresseurs, devait conclure Jane Cauley.

  • Source : de notre envoyé spécial au 26ème congrès de l'ASBMR, Seattle, 1-5 octobre 2004

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