Ostéoporose : progrès majeurs en vue ?
05 janvier 2016
©Phovoir
Epidémiologie, diagnostic et traitement : il y a du nouveau dans le domaine de l’ostéoporose. Les débats ont donc été nourris durant la réunion à Seattle (Nord-Ouest des Etats-Unis) de l’American Society for Bone and Mineral Research (ASBMR). Le point de situation que nous a fait le Dr Michael McClung, co-président du comité de programme de cette réunion, prend tout son poids.
Les spécialistes de l’ostéoporose partagent une même préoccupation : comment se fait-il que l’intérêt pour le dépistage et le traitement de cette maladie soit aujourd’hui en baisse, pratiquement partout ? Comment se peut-il également, que les pays les plus développés soient de moins en moins actifs et vigilants dans ce domaine, alors même que leurs populations à risque – les personnes âgées en l’occurrence – sont en pleine expansion ? Cette évolution préoccupante n’est malheureusement pas liée à un recul de la maladie. Selon l’International Osteoporosis Foundation (IOF) “une femme sur trois et un homme sur cinq dans le monde sont à risque de fracture ostéoporotique.” Environ une fracture ostéoporotique survient toutes les 3 secondes…
Ostéoporose, une maladie oubliée ?
Les spécialistes ont aussi un autre sujet de préoccupation : c’est l’accroissement significatif du nombre de fractures qui surviennent dans des couches de population jusqu’à présent épargnées par la maladie. L’obésité, le diabète par exemple, sont deux facteurs de risque bien réels, qui viennent tout juste d’être identifiés. Il y a là un motif d’inquiétude majeure : le surpoids affecte en effet de 30% à 60% de la population dans les pays développés, qui comptent par ailleurs 15% à 30% d’obèses.
Dès 2001 – et alors même que ces derniers éléments n’étaient pas connus – l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dénonçait « l’insupportable épidémie » représentée par l’ostéoporose au niveau mondial. Dans un film diffusé en 7 langues, elle adressait aux professionnels, aux politiques et au grand public une mise en garde et un appel à la vigilance. Le Dr Michael McClung est l’un des professionnels les plus au fait de cette maladie. Basé à Portland, dans le nord-ouest des Etats-Unis, il œuvre depuis plus de 40 ans à l’étude de l’ostéoporose, et au développement de stratégies souvent originales de dépistage et de prise en charge thérapeutique.
Ce fondateur de l’Oregon osteoporosis Center de Portland est désormais engagé à bien des niveaux : il enseigne et consulte toujours à Portland, mais il passe aussi une grande partie de son temps à diffuser les connaissances et répandre la bonne parole au-delà des frontières de son pays. Ainsi est-il très actif en Amérique latine, où il a participé à la mise en place et au développement local de sociétés savantes pour l’étude et le contrôle de l’ostéoporose. « Tout comme les autres maladies, l’ostéoporose ne connaît pas de barrières. Les différences politiques et culturelles ne s’appliquent pas à son développement dans ces pays, et je pourrais bien entendu délivrer partout les mêmes messages, fournir les mêmes réponses aux mêmes questions. »
Un nouvel anticorps monoclonal
Michael McClung partage naturellement l’inquiétude de ses confrères face au désintérêt croissant des pouvoirs publics – mais aussi des professionnels – pour le diagnostic précoce et la prise en charge de l’ostéoporose. Il ne perd cependant pas espoir. « Il faudra bien qu’à un moment ou un autre, on réalise qu’il est plus efficace et moins onéreux de prévenir les fractures dues à l’ostéoporose que d’assurer la prise en charge à long terme de leurs victimes, en perte d’autonomie. » Plus encore, il est résolument optimiste pour l’avenir. « D’ici moins de 5 ans, nous disposerons certainement d’un traitement efficace permettant de changer la donne. » Aujourd’hui en effet, même les médicaments les plus efficaces ne permettent pas de reconstruire de l’os. Tout ce qu’ils peuvent faire – et c’est déjà beaucoup- c’est ralentir la progression de la maladie. Or les développements actuellement en cours permettent d’espérer une percée majeure.
Un anticorps monoclonal actuellement en cours d’essais cliniques de Phase III permettrait de restaurer la densité osseuse. Après un traitement de quelques mois à un an, il ne serait plus nécessaire que de mettre en œuvre une surveillance régulière, éventuellement assortie d’une prévention secondaire, comme pour certaines maladies cardio-vasculaires.
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Source : de nos envoyés spéciaux auprès de l’ASBMR, Seattle, 8-11 Octobre 2015
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Ecrit par : Marc Gombeaud – Edité par : Emmanuel Ducreuzet