Ostreopsis, une microalgue tropicale qui empoisonne la côte basque
20 juin 2023
Selon les experts de l’Anses, « il suffit d’être à quelques mètres de la mer pour être intoxiqué » par Ostreopsis. La microalgue, qui a étendu sa zone de prolifération ces dernières années, est responsable de près de 900 intoxications depuis 2021 sur la côte basque.
Viendra-t-elle gâcher la saison estivale ? L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) alerte ce mardi 20 juin sur la prolifération d’Ostreopsis sur le littoral basque. Tropicale, la microalgue a gagné la Méditerranée voici une vingtaine d’années et, depuis 2021, est à l’origine de près de 900 intoxications sur la côte basque, bordée par l’océan Atlantique.
Les intoxications sont dues aux toxines que dégage Ostreopsis. Selon l’Anses, les personnes intoxiquées souffrent de symptômes grippaux, d’irritations cutanées et de troubles gastriques. Ces signes apparaissent quelques heures après l’exposition à la toxine et disparaissent en quelques jours.
C’est principalement l’inhalation des embruns marins qui est à l’origine de l’infection. « Il suffit d’être à quelques mètres de la mer pour être intoxiqué », note l’agence sanitaire.
Comment repérer les proliférations ?
Les zones de prolifération sont plus nombreuses en été, quand l’eau atteint une température de 20°C. Les algues s’accumulent à la surface de l’eau en « fleurs d’eau » ; celles-ci finissent par former des nappes marrons pouvant s’étendre sur plusieurs mètres carrés. « Ce n’est pas parce qu’elles ne sont pas visibles qu’il n’y a pas de risque », prévient l’Anses.
Autre moyen de les repérer : « la sensation d’un goût métallique dans la bouche, même si la microalgue a seulement été inhalée et non ingérée ».
Qui sont les personnes les plus exposées ?
Restaurateurs, sauveteurs, maîtres-nageurs… Les professionnels qui travaillent sur les plages ou à proximité sont particulièrement à risque. Une exposition prolongée à la toxine mise en cause serait responsable d’un allongement de la durée des symptômes.
Afin de protéger ces populations particulièrement concernées, l’Anses recommande d’organiser les horaires de travail afin de limiter la présence de ces personnes lors des proliférations. Elle recommande également le port d’un équipement de protection pour les personnels en charge de prélèvement de l’eau.
Outre les professionnels, parmi les populations qui fréquentent les plages, l’Anses a identifié des groupes particulièrement sensibles. « Les personnes qui ont des problèmes respiratoires sont les plus à risque de présenter des symptômes. Elles devraient éviter d’être à proximité du littoral lorsqu’il y a une prolifération d’Ostreopsis », conseille Carole Catastini, coordinatrice de l’expertise.
Quelles mesures contre Ostreopsis ?
L’Anses préconise un ensemble de mesures à appliquer selon la concentration des microalgues dans l’eau et le nombre d’intoxications recensées. Ces mesures vont de l’information au public à l’interdiction des plages et des activités nautiques. En 2021 déjà, plusieurs stations balnéaires de la côte basque avaient pris la décision de fermer leurs plages comme à Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Bidart, relayait alors le journal Le Parisien.
L’agence plaide également pour une surveillance plus importante de l’eau avec davantage de prélèvements. « De même, il ne faudrait pas contrôler uniquement les plages surveillées, comme c’est le cas actuellement, mais toutes les plages où il y a des activités nautiques, qu’il s’agisse de baignade, de surf ou de voile, recommande Carole Catastini. On sait aussi que la présence d’Ostreopsis peut être très localisée : elle peut être présente à une extrémité de la plage mais pas à l’autre. »
Qui de la consommation des produits de la mer ?
Pour l’heure, des intoxications via l’alimentation ont été signalées hors d’Europe mais sans que le lien avec la microalgue ne soit clairement établi. Toutefois, il est conseillé de ne pas pêcher de coquillages ni d’autres produits de la mer lors des épisodes de prolifération. « Les poissons doivent être éviscérés avant d’être consommés, les toxines s’accumulant dans l’appareil digestif », précise Nathalie Arnich, qui a coordonné l’expertise. L’Anses a également établi un seuil de concentration de toxine dans les coquillages. Au-delà, ils sont jugés impropres à la consommation.