Pandémie de grippe : la France est-elle prête ?

Après l’annonce d’un cas probable de transmission d’homme à homme de la grippe aviaire en Asie, l’ombre d’une épidémie mondiale, une pandémie donc, s’épaissit chaque jour un peu plus. La France est-elle préparée à ce scénario catastrophe ? Tour d’horizon.

Face à la grippe il existe des vaccins pour la prévenir, des antiviraux pour traiter les patients et, pour éviter les projections de gouttelettes de salive très contaminantes, des moyens mécaniques : les masques. Trois armes essentielles sur lesquelles repose le plan national de lutte contre la pandémie grippale.

Un dispositif qui selon le ministère de la Santé “se veut global et repose sur une série de mesures qui seront mobilisées selon le profil de la pandémie et la durée de chacune des vagues pandémiques“. Deux points poseront sans doute des problèmes : le niveau des stocks de vaccins et d’antiviraux. Ils sont pourtant stratégiques, à telle enseigne que le gouvernement américain s’est déjà prémuni.

Côté vaccin, le processus de fabrication est long. Deux oeufs de poule embryonnés pour chaque dose ! Face aux 15 millions de malades anticipés par l’Institut de Veille sanitaire en cas de pandémie, cela ferait donc 30 millions d’oeufs à pondre et à féconder… Conséquence, il semble inévitable que l’on aboutisse à un contingentement de fait qui désignera les personnes à vacciner en priorité. En tête les quelque 2 millions de professionnels de santé et le million de personnes clés nécessaires au fonctionnement de l’Etat : policiers, sapeur-pompiers, décideurs politiques, etc. Les Etats-Unis ont déjà commandé 2 millions de doses de vaccin contre la grippe aviaire. En France selon nos informations, rien n’a encore été fait dans ce sens…

Reste la question des antiviraux. Les Etats-Unis se sont procurés 1 million d’unités thérapeutiques d’oseltamivir. C’est le seul antiviral actuellement efficace contre la souche de la grippe aviaire… à condition d’être administré dans les 36 heures suivant la contamination ! La France elle, dispose depuis 2003 d’un stock de précaution du médicament en produit fini, et de barils de 7 kg en produits non conditionnés. Mais à ce jour, impossible de savoir combien de patients ce stock permettrait de traiter. Selon le ministère de la Santé ” ces arbitrages, tranchés en comité interministériel, n’ont pas encore été faits. Mais nous communiquerons les informations prochainement “… Bref, nous semblons moins bien préparés à une éventuelle pandémie grippale qu’à un coup de canicule… Le hic, c’est qu’en cas de flambée les capacités de production d’antiviraux sont limitées. Quand à la durée de vie du produit, elle n’excède pas 3 à 4 ans maximum…

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  Source : de notre envoyé spécial au 26ème congrès de l'ASBMR, Seattle, 1-5 octobre 2004