











« Un mois pour rendre la souche virale disponible pour les producteurs de vaccins. Encore trois pour obtenir les premières doses, les suivantes étant distribuées au fil des semaines » explique le Pr Bruno Lina (Centre national de Référence de la Grippe, Lyon). A condition qu’aucun pays ne retienne les souches pandémiques à l’intérieur de ses frontières…
En cas d’alerte il faudra vacciner dans les 30 jours, d’où l’intérêt des vaccins prépandémiques. Récent, le concept vient d’aboutir avec l’autorisation européenne du Prepandrix® (GSK). D’autres sont en développement. Propriété du Suisse Novartis, l’Américain Chiron (USA), prépare Aflunov®. Toujours en attente d’autorisation, il pourrait être épaulé par un vaccin pandémique prototype auquel manque la « bonne valence virale », le Focetria®… Chez Sanofi-Aventis en revanche, un porte-parole nous confiait au mois de juin « ne pas croire vraiment à ces vaccins prépandémiques… »
Un adjuvant spécifique renforce l’efficacité du seul vaccin prépandémique en lice. Il permet « la diminution considérable de la quantité d’antigène grippal nécessaire pour une dose, tout en obtenant une bonne immunité croisée » expliquait hier le Dr Odile Launay (Hôpital Cochin, Paris) durant la 3ème réunion de l’ESWI à Faro (Portugal). Cette qualité essentielle permet à un vaccin de protéger aussi contre des variantes de la souche H5N1 actuellement ciblée par l’OMS.
Vaccins plus performants et à risques partagés
Hier surtout, GSK a lancé deux annonces majeures. D’une part, une étude aurait démontré la possibilité de « prendre de l’avance » sur un virus pandémique. Une première dose « induit une mémoire immunitaire qui persiste plusieurs mois. Une seconde (identique ou avec une souche légèrement différente) provoque une protection contre la souche vaccinale initiale et la seconde ». Cette « cuisine » complexe élargit le spectre de protection du vaccin. Un atout-maître, alors qu’une inconnue demeure quant à la composition exacte du virus qui mutera pour acquérir la transmissibilité interhumaine…
D’autre part, l’entreprise assure développer avec certains gouvernements, une « gestion partagée des risques ». Ce « contrat d’entretien » permettrait de changer la combinaison si la souche pandémique différait de la souche prévue…
A Faro, les experts ont considéré que ces nouveaux vaccins amélioreraient les plans de pandémie. Ce qui ne remet pas en question l’importance des stocks d’antiviraux constitués par de nombreux pays, notamment la France. Ils élargiront la prise en charge des populations non vaccinées. « La pression baisse un peu » explique Bruno Lina, « parce que nous avons mis en place des outils plus efficaces. » En France par exemple, les professionnels ont bénéficié d’une formation financée par l’Etat, et coordonnée par les Groupes régionaux d’Observation de la Grippe (GROG) et l’Institut Open Rome. Les résultats, encourageants selon le Dr Jean-Marie Cohen, devront être confortés par un suivi annuel.
Ainsi donc « la situation est moins alarmante qu’il y a un an et demi. Mais nous devons maintenir la pression. Des faits nouveaux ne cessent de se produire », assure Bruno Lina. Comme l’apparition en janvier 2008 de nombreux cas de résistance au Tamiflu par une souche H1N1. Résistances observées in vitro, dans des pays où pourtant l’utilisation de ce médicament est très faible voire nulle… Avec des dispersions géographiques importantes, là encore sans explication logique évidente… Deux études européennes, actuellement en cours, expliquerons peut-être ces phénomènes. Premiers résultats en 2009. En attendant, la recherche sur des antiviraux susceptibles d’épauler voire de remplacer la référence Tamiflu se poursuit.
Source : De notre envoyé spécial à la 3ème réunion du Groupe de Travail scientifique européen sur l’Influenza (ESWI, 14-17 septembre 2008, Faro (Portugal)