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Le HPV touche 8 personnes sur 10 au cours de leur vie. Bien que la plupart des infections que ce virus provoque guérissent spontanément, il est à l’origine de nombreux cancers, dont celui du col de l’utérus mais pas uniquement. « On oublie que ce virus s’attaque à d’autres muqueuses : le pénis, la vulve, le vagin, l’anus et la gorge. Les hommes sont donc eux aussi concernés », alerte Laure Roulle, fondatrice de l’association No Taboo et porte-parole du collectif Demain sans HPV. Un récent baromètre IPSOS pour MSD, montre que 3 parents sur 4 savent que le HPV peut provoquer un cancer du col de l’utérus. Mais seulement 22 % font le lien avec le cancer de l’anus, pourtant en forte hausse. Un décalage révélateur.
Les verrues génitales sont elles aussi une conséquence du HPV. Fréquentes (100 000 cas sont recensés chaque année) et très contagieuses, elles peuvent survenir peu de temps après un contact intime contaminant. Elles sont certes bénignes sur le plan médical, mais leur taux de récidive est important et les douleurs non négligeables. L’impact psychologique est souvent majeur : gêne, honte, peur de transmettre, avec des répercussions sur la vie affective et sexuelle. Ces conséquences bien réelles rappellent à quel point une meilleure information sur le HPV et les moyens de prévention est indispensable.
« Pendant longtemps, le discours s’est concentré sur les femmes et a généré de la peur. Aujourd’hui, il faut changer de ton », insiste Laure Roulle. « Car non, il n’est jamais “trop tard” pour se faire vacciner : la vaccination reste efficace, même après le début de la vie sexuelle. Et non, le HPV ne concerne pas que les jeunes filles. Il faut un message clair, homogène, qui parle aux jeunes comme à leurs parents, sans les culpabiliser. C’est en parlant de manière homogène que l’on sera entendus. » Les professionnels de santé ont un rôle majeur à jouer : médecins, pharmaciens, infirmiers… « Ils sont les piliers de l’information et de la sensibilisation. » Sans oublier les enseignants. « Leur soutien est précieux pour accompagner la campagne de vaccination désormais proposée en collège. »
Dans le cadre de Juin Vert, le collectif Demain sans HPV lance une Semaine de sensibilisation au papillomavirus du 9 au 15 juin. « Notre objectif est de créer un temps fort médiatique, éducatif et citoyen autour de ce virus. » Ainsi, le lundi 9 juin, des cartes ludiques et informatives, validées par les sociétés savantes, seront distribuées dans les pharmacies partenaires. « Le mardi 10, une campagne sera lancée autour des cancers gynécologiques sur les réseaux sociaux. Le mercredi 11 c’est la Journée de sensibilisation à la PRR. Au cours de cette semaine nous organiserons aussi un moment d’échanges visant à lever les tabous sur les cancers ORL et anaux. » Suivront des conférences, des ateliers et le festival caritatif “Betterfly” (le 14 juin à Rueil Malmaison) pour sensibiliser à travers la musique.
« Vaccination et prévention sont les deux piliers de nos actions. Pour sauver des vies, il faut mieux parler du HPV, partout, à tous, et sans détour. Changer le regard, casser les idées reçues, créer du lien entre les acteurs de santé, les enseignants, les associations et le grand public… Voilà l’ambition de notre collectif qui milite pour un avenir sans cancers dus au HPV. »
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Source : Interview de Laure Roulle, avril 2025
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche