Parents séparés : gérer son premier Noël…
04 décembre 2024
Certains enfants voient Noël approcher, avec une boule au ventre… A l’image de ceux qui viennent de vivre la séparation de leurs parents et s’apprêtent ainsi à passer les fêtes de façon différente. Sur fond d’appréhensions diverses. Comment les rassurer ?
La séparation a d’ores et déjà chamboulé le quotidien et voilà qu’elle s’apprête aussi à bouleverser les traditionnelles fêtes de Noël. Dans cette perspective, « l’enfant va ressentir plusieurs émotions, qu’il ne va pas forcément verbaliser », expose Emilie Perreard, psycho-praticienne dans les Alpes-Maritimes, spécialisée dans le suivi des enfants et des adolescents. Elle nous aide ainsi à décrypter ce qu’il se passe dans sa tête.
Quatre sentiments
La spécialiste cite en premier lieu, la tristesse. Bien sûr la séparation de ses parents l’affecte et « à l’approche de Noël, l’enfant sait que les traditions familiales ne seront plus les mêmes. D’où ce sentiment de perdre quelque chose qui était vecteur de joie de vivre ».
Au-delà, il peut ressentir :
- De la colère : « envers la situation de ses parents et le fait qu’il peut avoir l’impression qu’ils n’ont pas réalisé tous les efforts pour se réunir à cette occasion » ;
- De la peur : celle que « Noël perde de sa magie et que les rituels ne soient plus jamais les mêmes ». Avec sans doute aussi une incertitude sur les autres fêtes à venir comme ses anniversaires. « Il craint que ces moments festifs et ritualisés s’effacent… »
- De la culpabilité : « il n’est pas rare que les enfants s’imaginent être la cause de la séparation », poursuit Emilie Perreard. Et au-delà, ils peuvent se sentir coupables de ne pas passer Noël avec l’un des parents, craignant que ce dernier soit triste, se sente seul. Au point que ce sentiment constitue un frein pour qu’il profite pleinement du moment.
Ecouter
Pour la psycho-praticienne, la clé reste « de laisser l’enfant s’exprimer et de l’écouter, sans le juger ». En pratique, « laissez-le vraiment exposer le fond de sa pensée ». En lui posant des questions simples comme : « comment te sens-tu ? Comment imagines-tu les choses ? » Surtout, « ne cherchez pas tout de suite à le rassurer », insiste-t-elle. « Laissez-le vraiment aller au bout de ce qu’il souhaite partager avec vous ».
Rassurer…
Ce n’est qu’ensuite que vous commencez à le rassurer. De façon graduée :
- Expliquez-lui à l’avance, comment les fêtes vont se dérouler : « il a besoin de savoir que tel jour ou tel soir, il sera à tel endroit, avec papa ou maman, etc. » ;
- Conservez quelques rituels : « ces derniers tendent à rassurer. Alors au milieu de toutes les nouveautés, efforcez-vous d’en garder ». Par exemple, vous aviez l’habitude de rendre visite à ses grands-parents le 25 décembre ? Faites en sorte d’y aller.
- Montrez que vous restez unis : « il est important de montrer à ses enfants que même séparés, vous allez coopérer », poursuit-elle ;
- Expliquez-lui qu’il n’est coupable de rien ! Ni de la séparation, ni du fait de ne pouvoir être avec maman ou avec papa le soir de Noël. « Rassurez-le sur vos émotions », conclut Emilie Perreard. « Certes vous pouvez lui dire que vous êtes un peu triste mais que vous ne serez pas seul, que vous passerez du bon temps ». Des mots simples pour lui permettre de le décharger d’un poids. Et qu’il s’autorise lui aussi à profiter de ces moments de fête.
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Source : Interview d’Emilie Perreard, 3 décembre 2024
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Ecrit par : David Picot – Edité par Emmanuel Ducreuzet