Pas de consensus, pas de médicaments et une guerre qui dérape

07 août 2006

Depuis le début de l’offensive le 12 juillet, 933 personnes ont perdu la vie selon un décompte officiel du gouvernement libanais. Et 3 322 ont été blessés, posant de sérieux problèmes aux hôpitaux. Les médicaments font défaut, les ONG montent au créneau.

Le déséquilibre est général, aggravé par l’exode des Libanais. En effet, selon le dernier décompte des autorités publié le 7 août au matin, les réfugiés étaient au nombre de 915 762.

Antibiotiques, anesthésiques, matériel de suture, diurétiques… Le Haut Comité de secours mis en place par le gouvernement libanais a rendu publique la liste des médicaments en rupture de stocks. Et il y en a ! Des médicaments très techniques, essentiels, dont l’approvisionnement ne peut être assuré que par des organisations structurées. Contrairement à ce qu’affirmait récemment le directeur de l’hôpital central Rafic Hariri, l’un des plus importants de Beyrouth, le renouvellement des stocks n’est toujours pas assuré.

L’urgence aujourd’hui, est d’assurer toute la médication hospitalière“, a d’ailleurs rappelé Nayla Moawad, le ministre des Affaires sociales libanais, à l’occasion de la visite à Beyrouth du ministre français de la Santé Xavier Bertrand. Lequel est rentré à Paris dans la nuit de jeudi à vendredi, après avoir acheminé au Liban une aide humanitaire d’urgence de 4,5 tonnes.

Des bombes non conventionnelles ?
Sur le terrain, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer l’utilisation par l’aviation israélienne de bombes à fragmentation et au phosphore. Le 24 juillet dernier, l’ONG Human Rights Watch dénonçait déjà le largage de bombes à fragmentation sur le village de Blida, dans le sud du pays. Celles-ci avaient tué 19 personnes et en avaient blessé 12 autres, “dont 7 enfants“. Elle a depuis, rendu public un rapport complet. Ce dernier est disponible en ligne, en anglais seulement.

Des photos d’armes prohibées par les conventions de Genève auraient également été prises par des membres de l’ONG “dans des arsenaux à la frontière israélo-libanaise“. Précisons toutefois que les bombes à fragmentation ne sont pas illégales en soi. C’est leur emploi sur des civils qui est interdit.

Or justement, les civils libanais paient un très lourd tribut à cette guerre, avec plus de 600 morts depuis le début des hostilités. Une situation dénoncée comme inadmissible par le Comité international de la Croix-Rouge. Israël lâche des tracts enjoignant les civils libanais à quitter leur village pour fuir les bombardements ? “Le fait qu’une partie à un conflit avertisse préalablement les civils d’attaques imminentes ne la dispense en rien de ses obligations au regard des règles et principes du droit international humanitaire“.

Quant aux bombes au phosphore blanc, la dénonciation est venue de Timor Goksel, l’ancien porte-parole (pendant 20 ans) de la FINUL, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban. Dans une déclaration à la presse, il a soupçonné Israël de recourir à des bombes au phosphore dans sa lutte contre le Hezbollah. Mais “aucune preuve n’a encore été mise en évidence“, a tenu à préciser le président de l’Ordre des médecins libanais, le Dr Aoun.

  • Source : Human Rights Watch, 24 juillet 2006 et Août 2006, vol 18 N°3; CICR, 30 juillet 2006; ministère libanais de la Santé, 7 août 2006 - Crédit photo : gouvernement libanais

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