Pensées suicidaires : la situation alarmante des jeunes actifs français
10 décembre 2024
Une étude de Santé publique France révèle que si les pensées suicidaires chez les actifs en France entre 2010 et 2021 n’ont que peu évolué, les jeunes actifs sont particulièrement concernés. Et ce depuis la crise du Covid-19.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2019, la France faisait partie des pays européens ayant les taux les plus élevés de suicide, avec près de 9 000 décès par suicide. Quant aux tentatives de suicide, leur nombre serait estimé à 20 fois celui des décès par suicide.
De nombreux facteurs – comme le chômage – peuvent expliquer la survenue de pensées suicidaires. Et si le fait d’avoir un emploi est reconnu comme protecteur vis-à-vis du suicide, l’exposition à certaines situations professionnelles délétères (harcèlement, absence de soutien des collègues et supérieurs…) peut aussi constituer un facteur de risque important.
Dans une étude publiée ce 10 décembre, Santé publique France nous apprend qu’en 2010, la prévalence des pensées suicidaires chez les actifs occupés était de 3,6 %. Elle était en légère baisse en 2021, atteignant les 3,2 %.
Mais lorsque l’on regarde dans le détail, une catégorie de la population active suit un chemin diamétralement opposé. En effet, la prévalence des pensées suicidaires chez les 18-24 ans est restée la même entre 2010 et 2020 (3,4 %). Mais elle a plus que doublé entre 2020 et 2021, passant à 7,1 %. Une hausse dramatique qui survient dans le sillage de la pandémie de Covid-19, qui semble avoir particulièrement affecté la santé mentale des jeunes travailleurs.
Des secteurs plus touchés que d’autres
L’hôtellerie-restauration figure en première ligne des secteurs à risque. Les employés de ce secteur présentent systématiquement les taux les plus élevés de pensées suicidaires. L’enseignement et le monde du spectacle ne sont pas épargnés, avec des pics significatifs certaines années.
L’étude dessine également le portrait des profils les plus vulnérables : les 18-24 ans donc, mais aussi dans une moindre mesure les 25-34 ans, les personnes vivant seules, sans enfant, ou confrontées à des difficultés financières. Chez les hommes, les employés présentent le risque le plus élevé, tandis que chez les femmes, la distribution est plus homogène entre les différentes catégories professionnelles.
Quant aux raisons placées en tête pour expliquer les pensées suicidaires, elles étaient professionnelles pour les hommes et familiales pour les femmes.
« Cette étude met en évidence une augmentation importante entre 2020 et 2021 de la prévalence des pensées suicidaires chez les jeunes actifs occupés, contrastant avec une diminution ou une augmentation modérée dans les autres classes d’âge », note Santé publique France. « Or, le milieu de travail est propice à la prévention et à la promotion de la santé en général, et de la santé mentale en particulier. Ces résultats permettent de fournir aux acteurs de la prévention et aux partenaires sociaux quelques éléments pour cibler leurs actions sur les populations les plus à risque. »
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Source : Santé publique France – BEH n°25, 10 décembre 2024
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet