Pénurie de médicaments : les laboratoires dans le viseur
23 septembre 2019
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Associations de patients, représentants de professionnels de santé et de l’industrie pharmaceutique étaient réunis ce matin au ministère de la Santé, à l’occasion du premier comité de pilotage consacré aux pénuries de médicaments en France. Au total, 871 médicaments ont été signalés comme étant en tension d’approvisionnement ou en rupture de stock en 2018, indique l’ANSM.
Promouvoir la transparence et la qualité de l’information, agir sur l’ensemble du circuit du médicament pour prévenir plus efficacement les pénuries et renforcer les coopérations au niveau national et européen. Voilà la feuille de route présentée dans le courant de l’été par Agnès Buzyn pour faire face à ces pénuries qui inquiètent malades, médecins et pharmaciens. La ministre de la Santé a annoncé ce matin que le comité de pilotage se réunirait trois fois par an afin de faire le point sur l’avancée des travaux.
Mais avant même cette première rencontre, Edouard Philippe avait donné le ton : jeudi dernier, à l’issue d’une réunion avec les industriels du secteur, le Premier ministre a directement ciblé les laboratoires. Les producteurs de médicaments auront notamment l’obligation de constituer deux à quatre mois de stock de sécurité pour les médicaments dits d’intérêt thérapeutique majeur (antibiotiques, anticancéreux, vaccins, corticoïdes…), pour « lesquels il n’existe pas d’alternatives thérapeutiques appropriées et disponibles en quantité suffisante sur le territoire national ». En cas de manque d’anticipation, ils se verront appliquer une sanction pour chaque jour de rupture, pouvant aller jusqu’à 30% du chiffre d’affaires journalier réalisé en France. Ces mesures seront inscrites dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2020 (PLFSS), qui sera dévoilé début octobre.
1 200 traitements concernés en 2019
Selon les chiffres de l’Agence nationale de sécurité du Médicament (ANSM), les ruptures de stock ont été multipliées par vingt en dix ans. D’après ses estimations, plus de 1 200 médicaments et vaccins pourraient être concernés pour l’année 2019. Toutes les classes de médicaments sont concernées, mais trois sont particulièrement exposées : les anti-infectieux, les médicaments du système nerveux et les anticancéreux.
L’agence rappelle que « les ruptures de stocks de médicaments ont des origines multifactorielles : capacité de production insuffisante, difficultés survenues lors de la fabrication des matières premières ou des produits finis, des défauts de qualité sur les médicaments… ». Au début de l’année, un sondage BVA pour France Assos Santé indiquait qu’un Français sur quatre avait déjà été confronté à une pénurie de médicaments.
A noter : pour connaître en temps réel l’état des stocks de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, rendez-vous sur le site de l’ANSM.
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Source : Sites de l’ANSM, Ministère de la Santé et de France Assos Santé, consultés le 23/09/2019
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Dominique Salomon