Plus de gouttes dans les yeux du nouveau-né ?

27 janvier 2011

A la naissance, l’instillation de collyre antibiotique dans les yeux de Bébé n’est plus automatique. Contre les infections à gonocoques, l’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé (AFSSaPS) préconise désormais une antibiothérapie ciblée. Pourquoi un tel changement ? Et quels enfants sont concernés ? Eléments de réponse.

Au XIXe siècle les infections à gonocoques – par Neissera gonorrhoeae – – étaient très répandues, à tel point qu’un nouveau-né sur dix était concerné. Avec des conséquences redoutables : conjonctivite bilatérale purulente, atteintes cornéennes, voire cécité dans tout de même 3% des cas.

« L’utilisation systématique d’un collyre à base de nitrate d’argent, à raison d’une goutte dans chaque œil – préconisée depuis la fin du XIXe siècle – a été suivie d’une réduction notable du nombre de cas », précise l’AFSSaPS. De 10%, l’incidence des atteintes conjonctivales est en effet passée à 0,3%.

Cette pratique s’est « pérennisée jusqu’à nos jours » avant d’être remise en cause en décembre 2008 avec l’arrêt de la commercialisation du seul collyre autorisé en France. Curieusement, cet événement a conduit l’AFSSaPS à examiner l’intérêt même des traitements préventifs.

Dans son rapport, l’Agence précise qu’il « n’existe pas de données montrant l’efficacité » de cette approche. « Par mesure de précaution », elle ajoute qu’ « une antibioprophylaxie reste toutefois recommandée en cas d’antécédents et/ou de facteurs de risque d’infections sexuellement transmissibles (IST) chez les parents ». Ainsi que chez les petits dont la mère n’a pas été suivie au cours de sa grossesse, ce qui constitue « un facteur de risque d’IST ».

N’oublions pas en effet que les gonococcies – provoquées par les gonocoques – et les chlamydioses sont aujourd’hui des IST extrêmement fréquentes. La chlamydiose – provoquée par Chlamydia trachomatis – est en effet l’IST la plus commune dans les pays développés. Accessibles à l’antibiothérapie, ces IST doivent donc être spécifiquement traquées chez la femme enceinte. Celles-ci en effet, « risquent de contaminer leur enfant au cours de l’accouchement par voie basse. Ou lors d’une césarienne, en cas de rupture prématurée de la poche des eaux avant chirurgie », précise l’Agence.

Pour aller plus loin : Prophylaxie des infections conjonctivales du nouveau-né (AFSSaPS)

  • Source : AFSSAPS, 4 janvier 2011

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