











Accueil » Médecine » Maladies infectieuses » Polio : l’Afrique est-elle sur le point de s’enflammer ?
Déjà frappé par le VIH comme par une inexorable fatalité, le continent africain est confronté au retour en force du virus sauvage de la poliomyélite. Et cela parce que les autorités d’un état musulman du Nigeria refusent la vaccination. L’OMS et l’UNICEF s’alarment.
Car les autorités de l’état de Kano, dans le nord du Nigeria, refusent les vaccinations par crainte que “sous couvert d’action humanitaire les Etats-Unis ne tentent d’inoculer aux Africains le virus du VIH/SIDA ou de les stériliser.” Résultat : le Nigeria recense “le nombre de cas de poliomyélite le plus élevé dans le monde (63 cas au 13 avril 2004) et comptabilise plus des deux-tiers (71%) de tous les cas confirmés dans le monde” souligne l’OMS. Ces chiffres peuvent sembler minimes ; ils portent en fait, l’assurance de lendemains inquiétants.
En Inde par exemple, 8 cas seulement ont été rapportés à ce jour en 2004 contre 68 sur la même période en 2003. Au Pakistan aussi, 8 cas ont été détectés au Sindh et au Punjab et les responsables des programmes indiquent que “la transmission de la polio est très localisée et confirme donc la possibilité d’éradication au 2ème ou 3ème trimestre 2004.” En revanche “le Nigeria représente le plus grand risque par rapport à cet objectif d’éradication en 2004.”
En fait la transmission du poliovirus sauvage à partir de Kano est très active. “Un cas de polio dû à un poliovirus de type 1 importé a été signalé au Botswana, un pays exempt de poliomyélite depuis 13 ans” précise une note interne de l’OMS. Et ce virus “est lié de près génétiquement au poliovirus endémique du nord du Nigeria.” La boucle est bouclée : Kano est à l’origine de réinfestations. Pas seulement au Botswana. “Pour réduire le risque de nouvelles importations” en Afrique centrale et Afrique de l’ouest, l’OMS a organisé “une deuxième tournée des campagnes de vaccinations synchronisées afin de vacciner plus de 63 millions d’enfants sur une période de 3 à 5 jours.”
Des actions qui coûtent très cher à la communauté internationale bien sûr. Et qui surtout ne résolvent pas le problème au fond. Car l’ensemble des pays concernés voient leur marche vers l’éradication ralentie.
En tout état de cause, les voyageurs qui se rendent en Afrique subsaharienne doivent être vigilants. Le Dr David L. Heymann est le représentant du Directeur général de l’OMS pour l’éradication de la poliomyélite. Comme il nous l’a expliqué, “les personnes qui viennent de régions où la polio est présente, et qui sont à jour de leurs vaccinations, ne courent pas de risque particulier. Mais celles et ceux qui viennent de pays aujourd’hui exempts de poliomyélite doivent se faire administrer une dose de vaccin polio oral, ce qu’on appelle un ‘booster’.“
Source : OMS UNICEF CDC Rotary International, 21 avril 2004. Afrik.com du 22 avril 2004, Entretien avec le Dr David Heymann, OMS, 22 avril 2004 - Photo: (c) Grégoire du Pontavice, 2001
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