Polluants organiques et obésité pèsent sur le foie

23 mai 2017

Des scientifiques de l’Inserm viennent de montrer que la dioxine de Seveso, un polluant organique, pourrait endommager le foie chez des souris obèses. Lesquelles seraient ensuite exposées à un risque de cirrhose ou de cancer du foie.

Plusieurs polluants organiques pourraient contribuer à accroître la survenue de maladies hépatiques chroniques chez les personnes obèses. C’est ce que suggère l’équipe de Xavier Coumoul* qui a travaillé sur l’un d’eux : la dioxine de Seveso. Cette substance, qui tient son nom de la catastrophe de Seveso en 1976 en Italie près de la ville du même nom, est issue entre autres de l’activité industrielle, comme les incinérateurs de déchets ou la métallurgie.

En 2014 alors que l’équipe de Xavier Coumoul travaillait sur les effets cancérigènes de cette substance, les chercheurs ont constaté que certaines souris exposées à des doses élevées de dioxine de Seveso (TCDD) développaient une inflammation du foie. Autrement dit le point de départ vers des maladies plus graves comme la cirrhose ou le cancer. Or les affections chroniques hépatiques non liées à l’alcool s’observent généralement chez des sujets obèses.

Pas encore d’étude chez l’homm

Les chercheurs ont donc voulu clarifier l’impact possible de cette dioxine sur le foie dans un contexte d’obésité. Pour cela, ils ont travaillé sur un modèle murin pendant 14 semaines. Un premier groupe d’animaux a été soumis à un régime maigre et un second à une alimentation riche. Tous les rongeurs ont été exposés à du TCDD. Seules les souris du second groupe ont présenté des lésions hépatiques.

« Les effets de l’obésité et de la dioxine se potentialisent et provoquent la survenue d’une fibrose », explique Xavier Coumoul. « Les deux, ensemble, aboutissent à l’accumulation excessive de graisse dans le foie, au blocage de leur dégradation, à l’augmentation du stress oxydatif délétère pour les cellules et à la survenue d’une inflammation ». Pas de panique. La dose de TCDD utilisée dans cette étude était très élevée. Reste à savoir ce qu’il en serait chez l’homme avec des doses plus faibles et une exposition à plus long terme. 

*Directeur de recherche Inserm, Unité 1124 Toxicologie, pharmacologie et signalisation cellulaire (Inserm, Université Paris Descartes)

  • Source : INSERM, Environnement Health and Perspectives, 9 mai 2017

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon

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