Polyarthrite rhumatoïde : l’ESPOIR est en route…

06 juin 2003

« Avec 200 patients recrutés en 5 mois sur 800 prévus en 18 mois d’étude, notre premier objectif est en voie de réalisation. Et nous en attaquons un second, par une campagne nationale de formation des médecins sur la polyarthrite débutante. »

Le Pr Bernard Combe, chef du service d’immuno-rhumatologie au CHU de Montpellier, est l’un des animateurs de la cohorte ESPOIR avec les Prs Maxime Dougados (Paris) et Xavier le Loet (Rouen). Et comme il nous l’a expliqué, un effort de formation sur cette maladie et sa prise en charge est réellement nécessaire.

« Il est difficile à un médecin généraliste d’assumer seul la prise en charge et le traitement de cette maladie. Il a besoin de pouvoir s’appuyer sur un rhumatologue correspondant. Et qui plus est un rhumatologue qui s’intéresse à ce sujet très spécifique ». C’est l’objet de l’étude ESPOIR, pour Etude et Suivi des Polyarthrites Indifférenciées Récentes. Elle a été lancée sous l’impulsion de la Société française de Rhumatologie (SFR) avec deux partenaires principaux, l’INSERM et les laboratoires MSD-Chibret, associés à 14 CHU français. Pendant au moins 10 ans, ces 800 patients dont le rhumatisme inflammatoire est au tout début de son évolution, mais pas encore traité, seront pris en charge et suivis.

Trois femmes pour un homme
Caractérisée par une inflammation qui s’attaque aux articulations et les détruit petit à petit, la polyarthrite rhumatoïde concerne trois fois plus souvent les femmes que les hommes. Elle survient à tout âge et soulève de nombreuses inconnues : sa cause, les moyens de la traiter de façon définitive, son pronostic… Même le diagnostic n’est pas facile à poser, faute de signes très caractéristiques qui permettraient une identification précoce.

« Nous voulons raccourcir le délai entre la première consultation du malade et son envoi au spécialiste“, explique Bernard Combe. « Eviter le recours à une corticothérapie inutile, qui va masquer les symptômes et calmer la douleur certes, mais qui va retarder d’autant la prise en charge par un traitement de fond». Car de tels traitements existent.

Les anti-inflammatoires les plus récents améliorent la prise en charge de la douleur. Certains bio médicaments comme les anticorps monoclonaux et les anti-TNF-alpha, donnent des résultats spectaculaires dans certains cas rebelles… Mais ils comportent quelques contre-indications formelles et provoquent chez certains patients des effets secondaires lourds. Enfin leur prix est tel – plus de 10 000 euros par an et par malade ! – que leur utilisation doit être bien ciblée. Le choix est complexe, et relève de spécialistes particulièrement formés.

L’orientation thérapeutique procède en effet d’une équation à plusieurs inconnues. Elle prend en compte « les éventuelles comorbidités (maladies associées, n.d.l.r.) mais aussi la sévérité de la maladie et notamment sa sévérité potentielle, son niveau d’activité et le rapport avantages/inconvénients des différents traitements. » Le travail ne fait que commencer mais ses premiers résultats sont attendus avec impatience. Sûrement bien avant les 10 ans fixés pour le terme de l’étude…

  • Source : Société française de Rhumatologie, Association de Recherche sur la Polyarthrite, interview Pr Bernard Combe

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