Polyarthrite rhumatoïde : les médicaments du futur sont déjà là

07 mai 2004

Les anticorps ? Vous connaissez, bien sûr. Enfin… presque. Ils sont secrétés naturellement par notre système immunitaire en réponse à un antigène – virus, bactérie, pollen – L’anticorps monoclonal lui, n’est pas naturel. Mais il est diablement utile et représente un progrès considérable!

Ces anticorps-là sont reproduits en laboratoire à partir du clonage d’une cellule unique – d’où l’adjectif “monoclonal” – et si les scientifiques sont capables d’en fabriquer depuis 1975, il a fallu plusieurs années pour passer des cellules de souris à des anticorps humains fabriqués artificiellement. Et aujourd’hui ces anticorps monoclonaux – que l’OMS désigne en ajoutant le suffixe mab dans leur nom de molécule – sont utilisés avec d’autres médicaments (qu’on appelle les anti-TNF () notamment en cancérologie, pour les greffes et contre la polyarthrite rhumatoïde.

Ces traitements de pointe demandent une grande rigueur et un très bon environnement médical. Le Pr Jacques Sany, chef de service d’immuno-rhumatologie au CHU de Montpellier, nous explique comment se déroule un traitement type: ” Ces anticorps monoclonaux sont prescrits aux patients ayant une polyarthrite sévère et qui ne répondent pas aux autres traitements. Les médicaments sont administrés en perfusion intraveineuse (3 perfusions le 1er mois puis une tous les 2 mois) ou en injection sous-cutanée “. Pourquoi à l’hôpital ? Parce que souligne le Pr Sany, “le patient y est pris en charge par toute une équipe : médecin, psychologue, kinésithérapeute “.

Depuis 10 ans, le CHU de Montpellier utilise les anticorps monoclonaux dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde. Une expérience considérable et selon Jaques Sany, un recul suffisant pour juger les résultats spectaculaires: ” Ces traitements cassent littéralement la maladie, en arrêtant la destruction des cartilages. Ils redonnent une vie normale aux patients “. Bien entendu, comme tout médicament actif ils peuvent entraîner des effets indésirables. D’où l’intérêt d’une surveillance clinique et biologique sérieuse, par une équipe médicale très présente.

Dans l’avenir, ces nouveaux traitements utilisés en rhumatologie pourraient contribuer à réduire le nombre de cas – un sur trois aujourd’hui – où une intervention chirurgicale est nécessaire. D’ici 4 à 5 ans, de nouveaux produits encore plus perfectionnés seront disponibles. Et même si dans ce domaine comme ailleurs le risque zéro ne peut être atteint, médecins et patients s’accordent à considérer ces traitements comme la thérapeutique de l’avenir.

  • Source : OMS/FID, 5 mai 2004

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