Pontage : il sauve des vies, certes…

28 février 2001

…Mais à quel prix et pour quelle qualité de survie ? Mark Newman, de l’université Duke aux Etats-Unis, pose brutalement cette question qui appelle des réponses… nuancées.
Quel est l’intérêt d’une intervention qui prolonge la vie, mais diminue la qualité de vie durant toutes ces années supplémentaires ? Voilà en substance le dilemme auquel, après avoir analysé le dossier de 261 patients opérés d’un pontage aorto-coronarien, il estime être confronté.

La technique est éprouvée. Elle consiste à « sauter » l’obstacle constitué par un rétrécissement coronaire, en opérant une greffe vasculaire qui permet d’assurer la circulation du sang. Des millions de patients dans le monde lui doivent la vie. Rien qu’aux Etats-Unis ils se comptent chaque année au nombre de 600 000. C’est dire…

Pour Mark Newman cependant, avec pratiquement 42% de déclin intellectuel cinq ans après l’intervention, il est permis de s’interroger sur le bien-fondé d’une recherche de la survie pour la survie… « Le risque de voir le malade décliner est d’autant plus grand qu’il est âgé au moment du pontage », soutient-il. Selon lui, le coupable est connu. Il ne serait autre que la machine chargée d’assurer la circulation extra-corporelle du sang au cours de l’intervention.

« Il est probable que de minuscules caillots se forment (dans ses tubulures) et sont ensuite emportés jusqu’au cerveau », estime-t-il. Toutefois, d’autres facteurs peuvent être impliqués. Des phénomènes inflammatoires, une baisse de la tension artérielle pourraient expliquer ces problèmes. Il réclame en tout état de cause des travaux complémentaires, et le lancement d’une vraie recherche pour protéger les fonctions neurologiques et cérébrales au décours de ces opérations.

  • Source : The New England Journal of Medicine, 8 février 2001

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