Après la crise sanitaire, les jeunes femmes très à risque de suicide
06 septembre 2022
La crise sanitaire liée au Covid-19 a eu des effets délétères sur la santé mentale. Le dernier rapport de la DREES sur les suicides révèle que l’impact des confinements notamment a été un peu décalé. Il n’en est pas moins présent et touche davantage les jeunes femmes défavorisées.
Si la santé mentale de la population française a commencé à se dégrader dès mars 2020, l’incidence des suicides a, dans un premier temps, été freinée. A tel point que « les décès par suicide ont baissé respectivement de 20 % et 8 % durant les deux confinements de 2020 par rapport aux années précédentes », révèle le rapport de la DREES sur l’impact de la crise sanitaire liée au Covid-19 sur les suicides.
Comment expliquer ce phénomène contre-intuitif ? « Le sentiment de partage d’une épreuve collective, le moindre accès à certains moyens létaux, une surveillance accrue par les proches et une grande adaptation du système de soins psychiatriques » peuvent apporter des explications à cette baisse étonnante. Cela étant, cette courte période de répit n’a pas duré.
En effet, dès la fin 2020, « une augmentation très marquée des recours aux soins pour pensées et gestes suicidaires chez les adolescentes et les jeunes femmes » est intervenue. Cette population était déjà, avant la crise sanitaire, un des groupes les plus fragiles.
Le facteur social aggravant
Si vous ajoutez à cela la pauvreté, le risque est encore aggravé. Ainsi, si « pour tous les niveaux de vie, les femmes sont particulièrement vulnérables entre 15 et 19 ans », c’est encore plus vrai « pour celles appartenant aux 25 % des ménages les plus modestes ». La preuve, « leur taux d’hospitalisation pour lésions auto-infligées est près de huit fois supérieur à celui des hommes du même âge appartenant aux 25 % des ménages les plus aisés », conclut le rapport.
Comment protéger les jeunes ? « La prévention du suicide fonctionne quand elle est systémique, c’est-à-dire quand les différentes ressources s’articulent et se renforcent », estiment les auteurs. « Les résultats de ces recherches invitent également à interpréter le geste auto-infligé à la lumière de la trajectoire de l’individu plutôt que comme un acte isolé. » Des moyens humains sont donc nécessaires pour faire face à ce mal-être.
-
Source : Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES)
-
Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Charlotte David