











Accueil » Médecine » IST / VIH » Pour améliorer l’accès aux soins, plus de terrain et moins d’administratif
« En 1997 comme médecin à Kinshasa, j’avais des patients (atteints par le VIH) auxquels je ne pouvais pas proposer de traitement abordable. J’en étais réduit à faire de l’accompagnement. Et puis nous sommes parvenus à un premier accord avec CIPLA. » Le géant indien des génériques en effet, a été parmi les premiers sur le « marché » contre le VIH. Mais pas toujours à des prix très modiques, ainsi que nous l’a expliqué le Dr Tuna Lukiana (photo) pendant la 5ème Conférence de l’International AIDS Society (IAS) au Cap. D’ailleurs, le débat sur la question des prix pratiqués par cette industrie est toujours très animé, les professionnels critiquant des génériqueurs trop gourmands…
50% de fonds non utilisés
Aujourd’hui médecin à l’hôpital Avicenne de Bobigny en France, Tuna est attaché scientifique dans le cadre des programmes de coopération menés par Boehringer-Ingelheim et AXIOS en Afrique. Car les actions directes sur le terrain restent très importantes. « A Kinshasa, plus de 50% du budget annuel du Fonds mondial (contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, n.d.l.r.) ne sont pas utilisés à cause des contraintes administratives (reporting, constitution de dossiers, planification ) pesant sur les équipes » reconnaît-il. Le point positif est que les prix des traitements, grâce à une coopération multisectorielle, évoluent à la baisse.
« En 2000, CIPLA mettait un traitement à notre disposition pour 100 dollars par mois. Or dans des pays dépourvus de tout système de sécurité sociale, aucun malade ne dispose de telles sommes. Aujourd’hui heureusement, les programmes d’accès aux soins des grandes agences internationales achètent directement les médicaments ». Et pas aux prix des génériqueurs. « Grâce aux programmes de dons mis en place sur le terrain, les mêmes traitements sont mis à disposition à des prix réduits de 85% à 90%. Le coût d’un traitement par la nevirapine passe ainsi de 1 000 euros par an dans le Nord, à 60 euros dans le Sud. »
Plus d’une soixantaine de ces programmes de dons fonctionnent en Afrique, dans les pays de l’ancienne Europe centrale et orientale – Ukraine, Russie…- ainsi qu’en Chine. « Nous donnons en bas, sur le terrain », insiste Tuna Lukiana. « Les médicaments sont remis directement aux malades qui en ont besoin. » Pour la prévention de la transmission mère-enfant (PTME) du VIH par exemple, « plus de 60% des femmes ne voient qu’une fois le gynéco durant leur grossesse. Et ce jour-là, il faut qu’on puisse tout leur donner, bien emballé, pour que ça puisse être utilisé par les matrones » au moment de la naissance.
Source : de nos envoyés spéciaux à la 5ème conférence de l’IAS, Le Cap, 19-22 juillet 2009 ; interview du Dr Tuna Lukieni, 21 juillet 2009.
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