Pour prévenir les fractures du grand âge, mobilisons les écoles…
06 octobre 2004
C’est avant la puberté que, pour l’essentiel, nous construisons notre capital osseux. Or il serait possible d’augmenter suffisamment ce dernier pour, peut-être, prévenir l’apparition d’une ostéoporose plus tard dans la vie. Une bonne nouvelle… de Suède.
Le Dr Christian Linden, de l’hôpital universitaire de Malmö, vient de présenter devant les participants à la 26ème réunion de l’American Society for Bone and Mineral Research (ASBMR) la première étude montrant sans ambages que, notre capital osseux n’étant pas fixé uniquement selon des critères génétiques. Nous pouvons l’influencer.
Certes, la filiation entre en ligne de compte pour environ 70%. Mais les 30% restants ” sont accessibles à des facteurs extérieurs, par exemple le niveau d’activité physique. ” Preuve à l’appui : 124 enfants de 7 ans, scolarisés dans un établissement proche de Malmö, se sont vus assigner un programme quotidien de 40 minutes d’exercice. A l’inverse un autre groupe, composé de 99 enfants comparables en termes d’âge et de sexe, n’a suivi que le programme imposé classique de l’éducation nationale suédoise, soit un total de 60 à 90 minutes par semaine.
La densité minérale osseuse (DMO) de chaque enfant, révélatrice de l’état de son squelette, a ensuite été mesurée à deux reprises : au début de l’expérience et au terme du programme, qui s’est déroulé sur 3 ans. Et il n’y a pas photo. Entre les deux groupes au départ, ” aucune différence de taille, de poids, de masse musculaire ou adipeuse, pas plus que de masse osseuse. ” Mais après 3 ans de suivi, les garçons qui avaient subi l’entraînement le plus intensif se sont avérés avoir une DMO plus importante, au niveau de la colonne vertébrale, que ceux de l’autre groupe. Quant aux filles, les résultats ont été de la même veine avec une DMO augmentée sur l’ensemble des parties du corps: la colonne vertébrale mais aussi le col du fémur et les jambes.
” C’est la première fois que l’on dispose d’une étude aussi complète et sur une aussi longue durée “, devait conclure Christian Linden. ” Cette étude est aussi la première dont le protocole implique une intervention dans le programme scolaire même. Et elle est extrêmement importante. Car elle démontre qu’un programme d’activité physique mené sur plusieurs années permet d’accroître le rythme d’augmentation de la DMO et, ‘in fine’, le capital osseux ” au moment de la puberté. ” Ainsi peut-on envisager d’utiliser ces programmes d’éducation physique comme un outil stratégique dans la prévention de l’ostéoporose. ” Sachant que la Suède est aujourd’hui le pays au monde qui déclare le plus grand nombre de fractures ostéoporotiques, sans doute en raison de son régime d’ensoleillement si particulier, ce sont là paroles d’orfèvre…