Pourquoi l’urine est-elle jaune ?

09 janvier 2024

Qu’est ce qui donne sa couleur à l’urine ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, la réponse n’était jusqu’ici pas tranchée. Dans une étude publiée dans la revue Nature Microbiology, des chercheurs américains viennent d’identifier l’enzyme microbienne responsable de la teinte urinaire.

« Il est remarquable qu’un phénomène biologique quotidien soit resté inexpliqué pendant si longtemps », lancent des scientifiques de l’Université du Maryland (Etats-Unis). Lesquels viennent de percer le mystère de l’origine de la couleur jaune de l’urine.

L’urine est une combinaison d’eau, d’électrolytes et de déchets que vos reins filtrent de votre sang. Il y a plus de 125 ans, les scientifiques ont identifié l’urobiline comme le pigment jaune présent dans l’urine, mais ils ne savaient pas ce qui était responsable de sa production.

Voici donc ce qu’ont découvert les scientifiques. Lorsque les globules rouges atteignent leur fin de vie, au bout de six mois environ, se forme un pigment orange vif issu de cette dégradation. C’est ce que l’on appelle la bilirubine, généralement sécrétée dans l’intestin, où elle est censée être excrétée ou partiellement réabsorbée. Une fois  la bilirubine dans votre intestin, des micro-organismes peuvent la convertir en d’autres molécules.

Encore et toujours le microbiote intestinal

« Les microbes intestinaux codent pour l’enzyme bilirubine réductase qui convertit la bilirubine en un sous-produit incolore appelé urobilinogène », expliquent les auteurs. « L’urobilinogène se dégrade ensuite spontanément en une molécule : l’urobiline, responsable de la couleur jaune que nous connaissons tous. »

Et maintenant ?

Cette découverte de l’origine de l’urobiline n’a en fait rien d’anecdotique. Elle pourrait même avoir d’importantes implications en matière de santé. L’équipe a en effet découvert que l’enzyme est présente chez tous les adultes en bonne santé, mais qu’elle est souvent absente chez les nouveau-nés et les personnes atteintes d’une maladie inflammatoire de l’intestin. Ils émettent l’hypothèse que l’absence de bilirubine réductase pourrait contribuer à la jaunisse du nourrisson et à la formation de calculs biliaires pigmentés.

« C’est l’aboutissement de nombreuses années de travail mettant en évidence une autre raison pour laquelle notre microbiome intestinal est si vital pour la santé humaine », se réjouissent les chercheurs. Rappelons en effet que, outre la jaunisse et les maladies inflammatoires de l’intestin, le microbiome intestinal a été associé à diverses maladies et affections, des allergies à l’arthrite en passant par le psoriasis.

  • Source : Nature Microbiology

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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