Pourquoi sommes-nous superstitieux ?
06 octobre 2022
Peur des vendredis 13, des chats noirs, de passer sous une échelle… La liste des superstitions est longue. Nous sommes visiblement de plus en plus nombreux à être sujets à ces croyances. Et les chercheurs savent pourquoi : c’est tout simplement parce que nous ne réfléchissons pas assez !
Selon un sondage IFOP paru fin mai, le recours à la superstition s’avère fondamental pour plus de 2 Français sur 3. En effet, 69 % croient dans au moins une superstition positive (trèfle à quatre feuilles, toucher du bois, étoile filante…) et 30 % se disent superstitieux, soit une hausse de 7 points depuis 1990…
Pour les neurobiologistes, la superstition s’explique très simplement : les superstitieux sollicitent un système de pensée archaïque, celui qui traite leurs expériences de manière intuitive et émotionnelle. Au détriment de leur autre système de pensée, basé sur l’analyse, celui du raisonnement logique, apparu beaucoup plus récemment dans l’évolution du cerveau d’Homo Sapiens.
Une étude menée par des chercheurs turcs montre ainsi que les personnes qui ont une pensée très analytique sont moins enclines à être superstitieuses.
Pour les comportementalistes, la superstition associe des événements vécus à certaines attitudes. Par exemple, si après avoir ingéré une plante, on recouvre la santé, on peut croire que cette plante a un effet curatif ! Ou, si on a réussi quelque chose, on peut être très attaché à la tenue vestimentaire que l’on portait ce jour-là, et vouloir la porter à nouveau dans une circonstance similaire, afin de provoquer un nouveau succès ! Et pareil pour les consultations de marabout et les gris-gris, etc. auxquels on peut croire sans réfléchir !
Un double effet
Les superstitions sont destinées à nous faire réussir, et à mettre toutes les chances de notre côté (à défaut de garantir le résultat !) : elles mobilisent nos émotions positives, calment les peurs et angoisses que l’on pourrait avoir. Elles peuvent aussi redonner un sens à ce que l’on vit, lorsqu’on est dans une période d’incertitude, comme ce peut être le cas avec la pandémie.
Ces superstitions relèvent alors plutôt d’une stratégie d’adaptation. Mais leur effet peut être pervers, donnant une fausse illusion de contrôle sur une situation sur laquelle on n’en a précisément aucun ! Selon une autre étude internationale, à paraître en octobre, ces superstitions négatives, parmi lesquelles figure aussi l’adhésion aux théories du complot, entraîneraient davantage de stress et de peur.
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Source : IFOP, 2022 ; Personality and Individual Differences, 2022
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Ecrit par : Clara Delpas — édité par : Vincent Roche