Précarité : le difficile accès aux soins… en Europe
15 mai 2014
Au total, 43% des femmes accueillies dans les centres Médecins du monde étaient concernées par un retard de prise en charge au cours de leur grossesse. ©Phovoir
A l’échelle mondiale, les populations les plus vulnérables – femmes enceintes, enfants et populations migrantes – restent les principales concernées par l’inégalité d’accès aux soins. Un fléau dont s’empare le dernier rapport de Médecins du monde (MdM) consacré à la situation sur le Vieux Continent. Et insiste – dix jours avant les élections européennes – sur l’urgence de créer « un système de santé universel et solidaire ».
A l’heure où de nombreux pays d’Afrique comme le Sénégal luttent pour l’instauration d’une couverture médicale universelle, des voix s’élèvent dans l’Union Européenne. « Dans beaucoup de pays, les femmes enceintes sans couverture maladie doivent régler elles-mêmes tous les frais des soins prénataux et ceux liés à l’accouchement », détaillent les représentants de l’ONG Médecins du monde (MdM) dans leur dernier rapport sur l’inégalité d’accès aux soins en Europe.
8 pays d’Europe à l’étude…
Cette situation a été mise en évidence après analyse « de 29 400 consultations effectuées dans les centres d’accès aux soins, à travers 25 villes de 8 pays européens » : l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la France, la Grèce, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suisse.
Conclusion : du fait de l’isolement et/ou d’une extrême précarité, « deux femmes enceintes sur trois n’avaient pas eu accès aux soins prénataux avant de consulter l’un des 21 centres de MdM. Les enfants sont également victimes de cette fracture des soins, « accentuée par la crise de l’Europe », détaillent – sans surprise, malheureusement – les auteurs. « Seul un mineur sur deux, au mieux, est vacciné contre le tétanos, l’hépatite B, la rougeole ou la coqueluche ». Ce taux de couverture passe même à 30% dans certains pays, bien en-deçà du seuil enregistré dans la population générale (90%).
Les migrants défavorisés
Ce constat concerne notamment les populations migrantes. « Dans la plupart des pays de l’Union Européenne, l’accès aux soins des demandeurs d’asile et des sans-papiers est nettement plus restreint que celui des nationaux », regrette Médecins du monde.
Droit à la couverture maladie, dispositifs de prise en charge, couverture vaccinale : au total, les 21 centres d’accueil de l’ONG accueillent 90 % de migrants. Dans le besoin de recevoir des soins, la majorité est pourtant exclue du système de santé. Et parmi eux, « seuls 2 personnes sur 100 citent la santé personnelle comme motif de migration, réfutant ainsi l’idée reçue que les mécanismes de protection sociale représentent un facteur d’attraction pour les migrants », concluent les auteurs.