Prédire le risque d’obésité, c’est possible

22 novembre 2011

Une équipe canadienne affirme être en mesure aujourd’hui, de déterminer quels enfants sont à risque de surpoids ou d’obésité à l’âge adulte. A leurs yeux, il suffirait d’observer certains comportements de leurs mères… pendant la grossesse.

Laura Pryor (Département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal) et ses collaborateurs ont analysé les données de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec, menée de 1998 à 2006. Parmi une cohorte de 1 957 enfants dont le poids et la taille avaient été mesurés chaque année entre les âges de cinq mois à huit ans, ils ont défini 3 « groupes de trajectoire » :

– les enfants présentant un Indice de masse corporelle (IMC) peu élevé tout au long de l’enfance ;
– les enfants avec un IMC modéré ;
– les enfants dont l’IMC était élevé, avec une forte augmentation.

« Nous avons découvert que les trajectoires des trois groupes se ressemblaient jusqu’à l’âge de deux ans et demi» explique Laura Pryor. «C’est à ce moment-là que les IMC du groupe ‘à forte augmentation’ commencent à s’élever. A partir de 8 ans, plus de 50% d’entre eux souffrent d’obésité ».

L’obésité est-elle prévisible ?

Sans grande surprise, les auteurs ont constaté qu’un enfant dont la mère présentait un surpoids était davantage susceptible de devenir obèse à son tour. Plus étonnant, un constat identique a été fait… chez les femmes enceintes qui continuaient de fumer.

« Nous ne connaissons pas exactement les mécanismes en jeu. Mais nous savons que le fœtus assimile la nicotine de la cigarette et la conserve plus longtemps et en plus grande quantité que la mère » nous explique le Pr Richard Tremblay, de l’Université de Montréal. « De plus, des études menées sur l’animal suggèrent que la nicotine assimilée pendant la période prénatale influe sur le développement cérébral. Et particulièrement sur les centres qui contrôlent la quantité de nourriture que nous mangeons et notre capacité à brûler les calories. »

Des essais randomisés seront néanmoins nécessaires pour déterminer si une perte de poids et l’abstinence tabagique avant la grossesse, permettraient de réduire le risque d’obésité chez les enfants à naître. « Cela démontre la nécessité d’agir précocement auprès des familles à risque. C’est probablement le meilleur moyen de prévenir la transmission d’un mauvais état de santé d’une génération à l’autre » conclut Laura Pryor.

  • Source : Université de Montréal, 14 novembre 2011 ; Interview du Pr Richard Tremblay, 15 novembre 2011

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