Prématurité : espoir de traitement pour limiter les risques à long terme

24 octobre 2022

Les enfants nés prématurés présentent un risque plus élevé, à long terme, de troubles cognitifs, sensoriels et d’infertilité. En utilisant du monoxyde d’azote, des chercheurs lillois ont mis au point un traitement semblant réduire ce risque, chez les souris. Un essai clinique a été lancé.

Administrer du monoxyde d’azote aux enfants nés prématurés, dès leur naissance, afin de prévenir les complications d’ordre reproductif et neurosensoriel qui pourraient apparaître à l’âge adulte. Voilà la méthode mise au point par des équipes de chercheurs de l’Inserm, du CHU et de l’Université de Lille, à l’issue d’une longue série de tests et d’observations sur l’homme et la souris. Elle est actuellement testée dans le cadre d’un essai clinique.

Point de départ des chercheurs : l’hypogonadisme hypogonadotrope congénital, une maladie rare qui concerne environ un enfant sur 5 000. Cette maladie se caractérise notamment par un retard pubertaire ou une absence totale de puberté à l’adolescence, entraînant une infertilité. Les chercheurs se sont donc intéressés au monoxyde d’azote, un neurotransmetteur qui régule l’activité des neurones à GnRH impliqués dans le développement et le fonctionnement des gonades mâles et femelles, et plus particulièrement au NOS1, l’enzyme qui le synthétise.

Leur hypothèse ? Un défaut de fonctionnement de NOS1 pourrait être à l’origine de cas d’hypogonadisme hypogonadotrope congénital. Pour la confirmer, ils ont étudié les échantillons ADN de plus de 300 patients atteints de la maladie. Et ils ont effectivement constaté des mutations sur le gène codant NOS1, dont certaines pouvaient expliquer la maladie.

Minipuberté

Pour mieux comprendre le rôle de cette enzyme, les chercheurs ont ensuite développé des modèles de souris déficientes en NOS1. Celles-ci présentaient non seulement les mêmes troubles neurosensoriels et reproductifs que les humains, mais aussi une minipuberté exacerbée. Minipuberté ? Celle qui survient chez tous les mammifères, y compris les petits humains (entre les âges d’un et trois mois). Or, il n’est pas rare que les nourrissons nés prématurément présentent une minipuberté plus intense que la normale.

Une période cruciale, donc, pendant laquelle les chercheurs ont testé l’administration de monoxyde d’azote chez les souris déficientes en NOS1. Avec succès puisqu’ils ont constaté que les différents troubles normalement associés à ce déficit étaient entièrement résorbés, et ce jusqu’à la fin de la vie des souris.

Lille et Athènes

« Face à cette concordance d’observations et de pratiques, nous avons décidé de mettre en place un essai clinique pour tester l’effet du monoxyde d’azote chez des enfants prématurés en étudiant les paramètres reproductifs et neurosensoriels », conclue le directeur de recherche Inserm Vincent Prévot, qui coordonne avec Konstantina Chachlaki le projet européen miniNo, dédié à l’étude du rôle de la minipuberté chez les enfants nés prématurés.

Objectif : vérifier si, comme chez la souris, l’administration de monoxyde d’azote à la naissance permet aux enfants nés prématurés d’avoir une minipuberté, puis une puberté normale, et s’ils développent moins de complications sensorielles et neurologiques par rapport à des enfants prématurés n’ayant pas reçu de monoxyde d’azote. Mené à Lille et Athènes, l’essai clinique prévoit d’inclure 120 patients et doit durer deux ans.

  • Source : Science Translational Medicine - Octobre 2022

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Vincent Roche

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