Prématurité : la voix de maman pour apaiser les douleurs de Bébé

03 septembre 2021

Une naissance prématurée est souvent accompagnée de nombreuses interventions médicales. Selon une équipe suisse, la voix de la maman pourrait aider le nouveau-né à mieux supporter ces examens.

Dès leur naissance, les bébés prématurés sont séparés de leurs parents et placés en couveuse, souvent aux soins intensifs. Intubation, prise de sang, sonde alimentaire… Ils doivent alors subir des interventions médicales quotidiennes, nécessaires pour les maintenir en vie. Problème, il n’est pas toujours possible de les soulager avec des analgésiques pharmaceutiques, car les effets secondaires à court et long terme sur leur développement neurologique peuvent être importants.

Toutefois, des études avancent l’idée que la présence maternelle ou paternelle a un véritable pouvoir apaisant sur l’enfant, notamment grâce aux modulations émotionnelles de la voix. Un constat qu’a souhaité approfondir une équipe de l’Université de Genève.

Les scientifiques ont suivi 20 bébés prématurés de l’Hôpital Parini en Italie et ont demandé à la mère d’être présente lors de la prise de sang quotidienne, qui se fait via l’extraction de quelques gouttes de sang sur le talon.

L’étude s’est déroulée en 3 phases : une première piqûre était prise sans la présence de la mère*, une seconde avec la mère qui parlait au bébé et une troisième avec la mère qui chantait pour le bébé.

Une diminution de la douleur

Afin d’observer si la douleur du bébé diminuait en présence de la mère, l’équipe s’est appuyé sur l’échelle PIPP (pour Preterm Infant Pain Profile). Laquelle établit une grille de codage entre 0 et 21 des expressions du visage et des paramètres physiologiques (battement du cœur, oxygénation…) attestant un ressenti douloureux du bébé.

Résultat : le PIPP se situe à 4,5 lorsque la mère est absente et chute à 3 lorsque la mère parle à son bébé (et à 3,8 lorsqu’elle chante).

Pour expliquer cet état de fait, les scientifiques se sont tournés vers l’ocytocine, « dite hormone de l’attachement, et que des études précédentes ont déjà liée au stress, à la séparation des figures d’attachement et à la douleur », expliquent-ils. Grâce à un prélèvement indolore salivaire avant que la mère ne parle ou chante et après la piqûre au talon, l’équipe de recherche a constaté que le taux d’ocytocine avait quasiment doublé !

« Nous démontrons ici l’importance de réunir les parents et l’enfant, surtout dans le contexte délicat des soins intensifs », concluent les chercheurs. « De plus, les parents jouent ici un rôle protecteur et peuvent agir et se sentir impliqués pour aider leur enfant à aller le mieux possible, ce qui renforce les liens primordiaux de l’attachement allant de soi lors d’une naissance à terme ».

*« Nous avons axé cette étude sur la voix maternelle, car lors des premiers jours de vie, il est plus difficile pour le père d’être présent, en raison des conditions de travail qui n’accordent pas toujours des jours de congé », expliquent les auteurs.

  • Source : Université de Genève, 27 août 2021

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Charlotte David

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