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Le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique de la peau, non contagieuse, qui touche environ 2 millions de personnes en France. Elle se manifeste par l’apparition de plaques épaisses, rouges et squameuses, localisées notamment sur les coudes, les genoux ou le cuir chevelu. Au-delà de ces signes visibles, cette pathologie impacte profondément la qualité de vie, tant sur le plan physique que psychologique.
Avec le retour du soleil, de nombreux patients redoutent d’exposer leur peau. Le psoriasis s’accompagne souvent d’un sentiment de stigmatisation, encore très présent dans notre société. Cette gêne sociale peut provoquer du stress, un facteur reconnu de poussées inflammatoires. Ainsi s’installe un cercle vicieux : le stress alimente les poussées, qui accentuent la gêne, poussant parfois au repli sur soi. Selon le Pr Laurent Misery, chef du service de dermatologie au CHU de Brest, « la stigmatisation vis-à-vis des personnes atteintes de maladies cutanées reste importante. Au cours d’une étude européenne, nous avons montré que le sentiment d’être stigmatisé restait très présent, en particulier chez les patients atteints de psoriasis. » Résultat : beaucoup renoncent aux vêtements d’été, aux bains de mer, aux activités en plein air. La dimension psychologique et sociale de la maladie reste trop souvent sous-estimée.
Le suivi régulier avec un dermatologue est essentiel pour adapter le traitement à l’évolution de la maladie. Un psoriasis mal contrôlé n’est pas une fatalité : il existe aujourd’hui de nombreuses options thérapeutiques, selon la forme et la sévérité. « Si l’on est toujours gêné par son psoriasis, c’est que le traitement n’est pas forcément adapté, et il faut donc consulter un dermatologue », insiste le Pr Misery.
« Pour la majorité des patients, les traitements locaux suffisent à apaiser les symptômes », poursuit-il. « Dans d’autres cas, une photothérapie ou des médicaments oraux peuvent être prescrits. Pour les formes modérées à sévères, les biothérapies par voie sous-cutanée offrent des résultats rapides et durables, tout en étant bien tolérées. »
Face aux doutes et aux complexes des patients, le message du Pr Misery est clair : « D’abord, je les encourage : il n’y a aucune raison d’avoir honte d’un psoriasis, et le camp de la honte devrait plutôt se trouver chez celles et ceux qui veulent les exclure. Ensuite, j’essaye de leur proposer le traitement le plus efficace possible dans leur contexte personnel. Le psoriasis n’est pas un problème esthétique, c’est une maladie qu’il faut traiter, car elle retentit fortement sur la qualité de vie et donc le moral. Mais elle est aussi à l’origine d’un état inflammatoire chronique, sur lequel peuvent se greffer beaucoup d’autres pathologies, en particulier articulaires ou cardiovasculaires. »
Quand la maladie est mieux contrôlée, grâce à des traitements adaptés, les effets dépassent la seule apparence. L’impact est réel sur l’estime de soi, la vie sociale, la vie intime. « J’ai souvent entendu des patients dire que leur vie était transformée, et je les comprends. Montrer sa peau, c’est se montrer, et cela permet donc de vivre normalement dans les circonstances sociales, professionnelles et intimes », confie le Pr Misery. Son dernier message s’adresse à toutes celles et ceux qui hésitent encore à reconsulter : « N’hésitez pas, votre vie peut être transformée. J’entends parfois certains qui ont peur d’avoir un traitement à vie, mais ce n’est pas le traitement qui est à vie, c’est le psoriasis ! »
À découvrir : la série de vidéos « Minute patient », proposée par BMS, pour mieux comprendre le psoriasis et ses traitements https://www.youtube.com/playlist?list=PLnhhlFiVhwbRO4zxf9qNO2gsNpqXcn4w9
Source : Interview du Pr Laurent Misery, avril 2025
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche