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Accueil » Médecine » Santé mentale » Psychiatrie : des risques de décompensation ?
© UV70/Shutterstock.com
Le Dr Bruno Rocher est en charge de l’accueil de jour Barbara au CHU de Nantes, destiné au soin des patients souffrant d’une addiction sans substance (troubles du comportement alimentaire, jeux d’argent, sexe…). Depuis le début du confinement, cette unité n’accueille plus ses patients sur site. En raison du risque de contagion mais également car « notre personnel infirmier est allé renforcer les effectifs d’unités hospitalières priorisées », précise Bruno Rocher. « Une situation compréhensible dans le contexte », estime-t-il. Mais « qui ne peut pas durer éternellement sans conséquence pour nos patients ».
Actuellement, la téléconsultation a remplacé les rendez-vous avec les patients. « Nous les contactons régulièrement afin de nous assurer qu’ils vont bien et maintenir l’échange », décrit le psychiatre. Mais, si cette méthode permet de perpétuer le lien, « il s’agit quand même d’une compensation partielle qui ne sera pas possible à long terme, sans conséquence négative », poursuit-il. Le risque ? « Que les patients n’aillent finalement pas aussi bien qu’on le croit. »
Pour certaines, c’est probablement déjà le cas. Ainsi, « cette jeune fille que nous suivons perd actuellement très vite du poids », raconte le Dr Rocher. « Les inquiétudes dues au virus associées au sevrage du lien avec l’espace de soin qui avait permis une stabilisation sont sans doute à l’origine de cette décompensation*. »
Globalement en psychiatrie, rien ne remplace l’échange de visu, sous peine d’aggravation de l’état du patient. C’est en substance l’avis du Dr Rocher. « Même si la crise actuelle active des ressources de télémédecine très intéressantes et qui enrichiront nos pratiques ultérieures, au long cours le maintien de suivis exclusivement par le biais de la téléconsultation est une aberration. Ce serait une perte énorme de ne plus pouvoir accueillir nos patients, leur serrer la main en consultation, gérer des groupes de parole, les rencontres in situ… »
Autre conséquence de cette situation : l’augmentation du nombre de patients à hospitaliser, car dans des états plus sévères, avec des nombres de places contraintes. « A peu soigner les patients plus légers, on risque de majorer la file active des patients qui vont avoir besoin d’être hospitalisés », conclut-il.
*A noter : Une décompensation survient lorsqu’un patient ne parvient plus à équilibrer son trouble. Par exemple, un patient dépressif qui compense en faisant rire son entourage n’y parvient plus. Il décompense et présente alors un tableau dépressif complet (troubles du sommeil, perte d’appétit, douleurs majorées, ralentissement psychique et moteur, absence d’envie, tristesse…)
Source : interview du Dr Bruno Rocher, psychiatre addictologue au CHU de Nantes, avril 2020
Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet
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