Publicité sur le médicament : la France se prend les pieds dans la cravate…

10 mai 2004

Etonnante, la pub diffusée la semaine dernière sur les antennes de plusieurs chaînes télévisées. Une séquence consacrée à une maladie dermatologique et incitant à consulter pour prescription. Tout cela sous la signature d’une entreprise du médicament.

Etonnante non dans l’absolu – ceux qui voyagent un peu savent que la pub pour le médicament en prime time c’est tout bon… – mais dans le contexte étroitissime du médicament à la Française. Lequel en ce début de XXIème siècle est encore conditionné par l’avis rendu en avril… 1979 par le Conseil d’Etat.

A l’époque les ” Sages ” du Palais Royal – point si sages en l’occurrence – avaient doctement conclu à la demande de Simone Veil, que tout article favorable à un médicament devait être considéré comme publicitaire, cependant qu’a contrario tout article critiquant, à juste titre ou non un médicament, devait être considéré comme de l’information. Les professionnels de l’époque – ils commencent à se faire rares… – se souviennent du tollé provoqué par ce morceau de bravoure de la littérature administrative et judiciaire ! Car le ministre annonçait tout de go que son administration allait se conformer à l’avis en question…

La requête de Simone Veil faisait suite à une “Une” parue dans un hebdomadaire grand public, restée fameuse dans les mémoires et qui en fait, préfigura quelques belles campagnes de lobbying par médias interposés. La réponse apportée a naturellement provoqué des levées de boucliers de la part des professionnels épris de liberté et de responsabilité. Cet avis ne sera jamais appliqué au pied de la lettre par l’Administration. Il a cependant empoisonné pendant des années les rapports entre les journaux, les journalistes, les publicitaires, les industriels et l’Administration…

Depuis lors, les uns et les autres se regardent en chiens de faïence. Et c’est là que les choses deviennent intéressantes. Car la pub diffusée sur RTL 9 si elle n’est suivie d’aucune réaction, fera jurisprudence.

Il deviendra de facto possible de diffuser des annonces à caractère commercial sur les grands médias, et aux heures de grande écoute. Cette évolution doit être rapprochée du rejet par le Parlement européen, à l’écrasante majorité de 494 voix contre 42, d’un projet de directive sur ce même sujet. Lequel visait à aligner – pendant 5 ans et à titre expérimental – l’Union européenne sur les Etats-Unis et la Nouvelle Zélande. Ce sont aujourd’hui les seuls pays au monde où la pub pour les médicaments pris en charge par l’assurance maladie soit autorisée.

  • Source : OMS/FID, 5 mai 2004

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