Quand la dénutrition guette nos seniors…

16 mars 2006

Un réfrigérateur trop plein… de produits périmés. Voilà un signe ! Et s’il est trop vide, c’en est un aussi. La dénutrition du sujet âgé est encore très méconnue. Très insidieuse aussi, avec une prévalence qui atteint des proportions intolérables.

Comme l’a rappelé hier au MEDEC le Pr Bruno Lesourd, du CHU de Clermont-Ferrand, ce phénomène est aujourd’hui trop fréquent. Il concerne entre 2% et 4% des 60-75 ans, et plus de 10% des 80-85 ans vivant à leur domicile. En institution enfin, un patient sur deux en souffrirait. “Dans la plupart des cas, il s’agit de personnes très malades“, précise le Pr Lesourd.

En fait, “la dénutrition est souvent la conséquence d’une diminution de l’appétit avec les années. Elle est d’autant plus dangereuse qu’elle s’installe très progressivement et qu’elle n’est pas perçue par le sujet vieillissant“. Pas davantage que par ses proches, d’ailleurs. Et c’est là que le bât blesse.

Contrôler son poids

Car très vite, la dénutrition va affaiblir l’organisme, entraînant une perte de masse musculaire et donc une diminution de l’autonomie mais aussi des défenses immunitaires. “Une fois installée, elle entraîne des pathologies en cascades“, enchaîne Bruno Lesourd. Le problème est si sérieux à ses yeux, qu’il recommande à ses confrères un dépistage systématique dès 65 ans.

Par exemple en contrôlant la masse corporelle. “Une perte de 5% en un mois, ou de 10% en six mois est un indice significatif de dénutrition“. Si l’on prend l’exemple d’une personne de 70 kilos par exemple, le seuil d’alerte sera fixé respectivement à une perte de 3,5 kilos en un mois, et 7 kilos en 6 mois.

La “renutrition” est possible, heureusement. Médecin généraliste à Paris, le Dr Bruno Fourrier a expliqué à ses confrères, qu’elle passe par des mesures simples comme le fait “d’adapter l’alimentation aux capacités de mastication et de déglutition. Il peut aussi être utile de couper finement les aliments, de les hacher voire de les mixer. Par ailleurs, mieux vaut éviter la prise de médicaments avant le repas. Cela peut couper la faim“. Des conseils utiles donc, avant le recours éventuel à l’utilisation de produits dits de “complémentation nutritionnelle orale”.

  • Source : de nos envoyés spéciaux au MEDEC, Paris 14-17 mars 2006

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