Quand la flore intestinale protège du diabète

10 mars 2020

Quel lien peut-on faire entre le microbiote intestinal et le diabète ? Selon des chercheurs français, notre flore produit des cellules capables de stimuler la croissance des « usines » à insuline. Un mécanisme limitant le risque de développer ce trouble métabolique.

La flore intestinale occupe souvent le devant de la scène pour sa fragilité (MICI, syndrome de l’intestin irritable…). Mais cet écosystème plein de bonnes bactéries a aussi de la ressource. Ainsi, selon l’équipe Inserm de Dominique Gauguier*, le microbiote peut nous protéger du risque de diabète de type 1 et 2.

Booster l’insuline

Plus précisément, la flore produit un composite (le métabolite 4-Cresol) capable de stimuler la croissance des cellules bêta du pancréas. Ce sont les productrices de l’insuline, cette hormone indispensable à la régulation du taux de sucre dans le sang et qui fait défaut aux diabétiques.

Les données de l’étude sont issues de l’analyse de 148 échantillons métaboliques, prélevés auprès de patients diabétiques (adultes) et de volontaires épargnés par cette maladie. « Produit du métabolisme de la flore intestinale, le métabolite 4-Cresol semble être un marqueur de résistance au diabète. On retrouve notamment des quantités plus faibles de 4-Cresol dans le sérum des patients diabétiques que chez des individus non diabétiques », détaille François Brial, principal auteur de l’étude.

Un traitement à l’étude

Comme l’espèrent les scientifiques, « ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques qui pourraient améliorer la situation de millions de patients ».

Chez la souris, des résultats ont déjà été obtenus en ce sens : à faible dose, un traitement à base de métabolite 4-Cresol améliore significativement le diabète. Principales évolutions : « une réduction de l’obésité et de l’accumulation de graisse dans le foie, une augmentation de la masse pancréatique, une stimulation de la sécrétion d’insuline et une prolifération des cellules bêta pancréatiques. » En plus du diabète, cette approche thérapeutique présente donc une efficacité contre l’obésité et la stéatose hépatique (maladie du foie gras).

Améliorer la prévention contre le diabète relève d’une priorité de santé publique : ce trouble métabolique favorise la survenue de graves pathologies cardiovasculaires. Prochaine étape donc pour les scientifiques, « identifier les bactéries qui produisent naturellement le métabolite 4-Cresol, puis définir lesquelles pourraient s’avérer être des traitements potentiels, sûrs et efficaces dans des syndromes de déficit en insuline ».

A noter : En France, les diabètes de type 1 et 2 affectent 3 millions de patients.

 *« Toxicité environnementale, cibles thérapeutiques, signalisation cellulaire et biomarqueurs » (Inserm/Université de Paris), en collaboration avec des collègues de l’Université de Kyoto (Japon) et de l’Université de McGill (Canada).

  • Source : Cell Reports, Inserm, Université de Paris, le 18 février 2020

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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