Quand la prise en charge de l’obésité prend des allures de haute couture
05 juillet 2018
© Catherine Rouger-Jouannet CHU Angers
Parfois, la chirurgie classique de l’obésité est impossible. C’est alors qu’une nouvelle technique s’offre aux patients : l’endoscopie bariatrique. Il s’agit en fait de réduire la taille de l’estomac via des sutures. Un travail à la limite de la couture réalisé dans seulement 10 établissements en France, dont le CHU d’Angers. Reportage.
Steve et Jean-Jacques sont tous les deux nés en 1969. Tous deux souffrent d’une obésité morbide mais aussi de problèmes cardiaques (double infarctus pour l’un et arythmie cardiaque pour l’autre) leur empêchant de subir une opération bariatrique classique.
© Catherine Rouger-Jouannet CHU Angers
C’est pourquoi, le 11 juin dernier, ils ont subi une sleeve gastroplastie endoscopique (aussi appelée endoscopie bariatrique) au CHU d’Angers. Derrière ce nom se cache une technique qui permet de réduire, de l’intérieur le volume de l’estomac. En fait, cette intervention se fait à l’aide d’un endoscope, un instrument d’optique muni d’une « mini machine à coudre » (voir photo ci-contre) et introduit dans l’œsophage jusque à l’estomac. Pas d’incision donc.
Le but ici est de suturer l’estomac pour le replier sur lui-même et lui faire perdre du volume. « C’est un peu comme faire d’un ballon de rugby un simple tube », commentent les Drs Anne Olivier et Arthur Berger du service Hépato-gastro-entérologie du CHU d’Angers et qui ont réalisé chacun l’une des opérations. « Ainsi, seul 10 à 20% du volume gastrique initial est conservé. » Durée totale de l’opération : moins de deux heures. Quant à la durée d’hospitalisation post-opératoire, elle s’établit à de 2 jours.
Une alternative à la chirurgie classique
La finalité de cette sleeve n’est pas de remplacer les techniques chirurgicales classiques de prise en charge de l’obésité (by pass gastrique par exemple), mais plutôt d’offrir une alternative à des patients présentant trop de risques pour être opérés. En effet, avec cette technique, « les complications sont de l’ordre de 0 à 2% », commente le Dr Berger. « Nous espérons faire perdre aux patients 20% de leur poids en un an, ce qui permettra également d’améliorer leur santé cardiovasculaire, leur diabète… »
Et les résultats sont prometteurs. Trois semaines après l’opération, Steve a déjà perdu 7kg (sur les 140 d’avant l’opération). De son côté, Jean-Jacques en a perdu 9 (sur les 165 qu’il présentait). « Je ressens moins la faim et la satiété arrive plus rapidement », se réjouit le premier. « Je mange 20% de moins. Je me sens plus en forme… ».
Jean-Jacques est moins catégorique. Lui ne sent pas qu’il est rassasié. En fait c’est son corps qui lui envoie des signaux peu agréables (flatulences, acidités gastriques…) pour lui faire comprendre qu’il en a assez. Côté capacités physiques, il se sent davantage fatigué. Un état qu’il met sur le compte « de la chaleur et d’une corpulence supérieure à celle de son camarade. »
Mais globalement, les deux hommes vont bien. Ils seront suivis à long terme sur le plan physique et nutritionnel. A ce propos, notons que durant les semaines qui ont suivi leur opération, leur alimentation était exclusivement liquide. Depuis, ils sont passés aux plats mixés et devraient bientôt retrouver une alimentation normale, solide… qu’ils attendent impatiemment.
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Source : de notre envoyé spécial au CHU d’Angers, 2 juillet 2018
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet