Quand le sexe devient une drogue

18 octobre 2010

Addict au sexe… A quel moment une pratique sexuelle devient-elle compulsive ou obsessionnelle, au point que l’on puisse l’assimiler à une drogue ? Pascal de Sutter, sexologue à Bruxelles (Belgique) a évoqué cette question lors du 4ème congrès international d’addictologie qui se tenait à Nantes.

Selon notre spécialiste « les compulsions sexuelles » – même si elles sont difficiles à quantifier -« concerneraient 3% à 6% de la population générale. Et le plus souvent des hommes. » Comme toutes les compulsions, il s’agit d’élans irrésistibles qui poussent à pratiquer des actes sexuels inappropriés.

Pour le Dr de Sutter, « lorsqu’ils sont inappropriés par leur fréquence, on parle alors d’hypersexualité. Cela passe par une compulsion à la pornographie, à la masturbation… S’ils sont inappropriés par leur objet, on parle alors de paraphilie. C’est le cas du masochisme par exemple. Les scatophiles ou les zoophiles en sont des représentations extrêmes. »

Des termes difficiles à définir.

Les compulsions sexuelles et la paraphilie sont parfois difficiles à identifier. Cela notamment, en raison des contraintes socioculturelles. « Il n’y a pas si longtemps, en Occident, la fellation ou la masturbation étaient considérées par les médecins comme des déviances. » Et de poursuivre selon la même logique, soulignant que « les deux termes sont difficiles à distinguer. Par exemple, les hommes qui veulent absolument faire l’amour avec leur partenaire plusieurs fois par jour, n’ont pas conscience d’avoir un problème. Dans ce cas précis, doit-on parler de complusions ou de paraphilie ? »

Malgré tout, les cliniciens se basent aujourd’hui sur 4 critères pour poser un diagnostic de compulsions :

– L’exclusivité : il n’y aura qu’une seule chose qui excitera la « personne dépendante ». Toute relation sera alors impossible sans cet élément. Cela peut être des talons aiguilles ou le cuir pour un fétichiste;
– La compulsion en elle-même : c’est le cas par exemple, d’une obsession qui se traduit par un passage à l’acte régulier ;
– L’inadaptation sociale, lorsque la pratique concernée est considérée par l’immense majorité comme inappropriée ;
– La souffrance, d’autrui ou du sujet lui-même.

Quel traitement ?

Comme pour toute addiction, le traitement doit passer par une acceptation du problème par le patient. « Sauf s’il s’agit de pratiques entrant dans un cadre légal, l’abstinence est contre-productive » explique Pascal de Sutter. « En effet, le sujet possède déjà une sexualité fragile. Y mettre un terme brusquement augmenterait les risques de récidives. »

Un traitement contrôlé peut, a contrario, mettre en avant les bénéfices secondaires d’une telle sexualité : excitation psychique et sexuelle, réduction du stress et apaisement, compensation des frustrations… « Le patient devient alors un acteur actif – non, dans ce cas il ne s’agit pas semble-t-il d’un pléonasme… – de sa sexualité plutôt qu’une victime passive » conclut le sexologue.

  • Source : De notre envoyé spécial au 4ème congrès international d’addictologie, Nantes, 7-8 octobre 2010

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