Quand les OGM nuisent aux plus vulnérables

07 juillet 2003

En Inde, une pomme de terre génétiquement modifiée dont la teneur en protéines est de 40% supérieure à celle observée, provoque un tollé. Pour ses opposants, son introduction est susceptible de bouleverser l’équilibre nutritionnel des populations.

La crainte est en effet qu’elle soit substituée à des aliments traditionnels, plus riches en protéines. Cette fronde anti-OGM paraît plus justifiée que celle de notre célèbre gaulois. Certes, les scientifiques de l’université Nehru à New Delhi ont réussi à augmenter de 40% la teneur en protéines de cette pomme de terre. Pourtant malgré cette amélioration, sa teneur totale en protéines n’excède pas 2,8% du poids total de cette solanacée génétiquement modifiée, contre 2% à l’état sauvage.

Ainsi la population pourrait-elle être abusée, pensant consommer un aliment riche en protéines alors que la lentille, qui en contient plus de 20%, constitue traditionnellement le régime alimentaire de base des Indiens. Leur équilibre nutritionnel s’en trouverait donc affecté, provoquant une déficience protéique dommageable.

Dans le même temps où certains scientifiques veulent promouvoir cette nouvelle culture, les experts agricoles soulignent que la culture de la lentille stagne. De sorte que le pays est désormais obligé d’en importer. Un autre argument pèse en faveur des partisans de la pomme de terre génétiquement modifiée, c’est son prix. Elle serait en effet beaucoup plus abordable pour les populations les plus vulnérables. Le débat qui agite actuellement le pays est d’autant plus intéressant que l’Inde a toujours refusé jusqu’à présent de recourir aux aliments génétiquement modifiés. En début d’année encore, le gouvernement a rejeté plusieurs milliers de tonnes de soja génétiquement modifié provenant des Etats-Unis.

  • Source : British medical Journal, Vol. 326

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