Quand l’innovation prend soin de nos soignants

30 novembre 2020

Comment les soignants et plus précisément les médecins perçoivent les changements technologiques dans leur pratique quotidienne ? Comment ont évolué leurs relations avec les patients ? Et en quoi les outils dits d’intelligence artificielle participent à la médecine augmentée ? Illustration avec le Dr Kammerer-Jacquet, médecin anatomopathologiste du CHU de Rennes.

Selon l’étude FHI publiée par Philips ce mois-ci en France, 70% des jeunes professionnels de santé français estiment que les technologies numériques de santé constituent un outil essentiel pour garantir la qualité de soins aux patients. Bien entendu, certains obstacles subsistent encore pour un déploiement plus large des outils numériques, notamment des contraintes budgétaires, relevées par 46% des jeunes sondés, et administratives (26%).

Lever les freins au numérique
Mais dès lors que ces freins sont levés, les bénéfices tant pour le système de santé que pour les professionnels et les patients sont considérables. Notamment en cette période difficile de pandémie où la télémédecine et la télésurveillance sont plus que nécessaires.

Au CHU de Rennes, par exemple, les équipes du service d’Anatomie et cytologie pathologiques sont les premières en France à bénéficier d’une nouvelle technologie mise au point par Philips qui améliore leur qualité de travail. C’est en tout cas le ressenti du Dr Solène-Florence Kammerer-Jacquet, maître de conférence des universités et praticien hospitalier au CHU de Rennes.

Elle y exerce une spécialité médicale peu connue mais essentielle, l’anatomopathologie. « Nous analysons des tissus prélevés au cours d’une intervention opératoire : nodules, masse, tumeurs… », précise le Dr Kammerer-Jacquet. « Autrement dit, nous sommes les médecins qui posons le diagnostic de nombreuses maladies comme les cancers. »

Analyser les tissus depuis la maison ?
En un an, le déploiement d’un nouvel outil numérique a remplacé les microscopes. « Auparavant nous analysions les tissus sur des lames à l’aide d’un microscope. Aujourd’hui, les lames sont numérisées, puis nous pouvons ensuite travailler à partir d’images numériques, au même titre que les radiologues par exemple. C’est un vrai bénéfice en termes de qualité de travail et cela facilite grandement l’organisation de notre activité. Nous disposons des lames d’un dossier simultanément et nous pouvons les partager avec nos collègues. C’est plus agréable car le champ est plus large. Enfin comme d’autres collègues, je peux facilement travailler de chez moi, c’est un vrai confort de vie. »

Impliquer les patients dans le diagnostic
Et pour les patients, qu’est-ce que cela change ? « Aujourd’hui, ils sont informés du diagnostic de leur maladie avec des images IRM par exemple, mais ils ne voient jamais concrètement leurs lésions. On peut très bien imaginer que le médecin puisse avoir accès aux images numérisées au même titre que la radiologie pour ensuite les montrer à son patient. »

Informer et impliquer un patient dans son parcours de prise en charge facilite l’adoption du traitement. Le numérique appliqué à la santé participe donc aussi à améliorer l’accompagnement des patients par les soignants. En outre, les établissements ayant accès aux innovations sont plus attractifs pour les jeunes professionnels de santé. La preuve, 88% des jeunes soignants vérifient la disponibilité de technologies et d’équipements médicaux de pointe lors du choix d’un hôpital ou d’un cabinet.

  • Source : Interview du Dr Solène-Florence Kammerer-Jacquet - rapport FHI, 2020

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon

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