Quelle transparence pour le médicament ?

24 novembre 2004

Le directeur adjoint du Service de sécurité des médicaments à la Food and Drug Administration (FDA), David Graham, n’en finit pas de faire parler de lui. Et ses prises de positions sont de plus en plus discutées.

Dans de récentes déclarations, il s’est attaqué aussi bien au fonctionnement de l’agence qu’à la sécurité d’emploi de plusieurs médicaments. David Graham n’est pas un nouveau venu dans le champ-clos de la polémique appliquée à la santé : ses diatribes sont jugées souvent peu marquées au coin de la rigueur scientifique. Il n’en reste pas moins que face à cette grêle d’accusations, les entreprises visées -toutes des majors du secteur- ne restent pas l’arme au pied.

Accusée de commercialiser un anti-acnéique à l’origine de malformations foetales, Roche rappelle que le fait est connu depuis toujours. A telle enseigne qu’en France, l’utilisation de ce produit -le Roaccutane– est soumise à obligation de contraception. AstraZeneca, producteur du Crestor également épinglé par Graham, avait mis en ligne depuis quelques semaines l’ensemble des essais cliniques concernant ce dernier. Selon un représentant de la compagnie, ils concernent plus de 45 000 malades au total. Prise dans la tourmente des reproches faits au Vioxx -pourtant retiré du marché dans les 6 jours du signalement des résultat de l’étude APPROVe- Merck a mis en ligne une Newsroom ouverte au public. L’historique du médicament y est retracé, et l’évolution du dossier suivie.

De son côté GlaxoSmithKline (GSK), avait déjà mis en ligne 9 études cliniques sur l’utilisation pédiatrique de son antidépresseur Deroxat. Le fabricant élargit peu à peu la liste de ses essais cliniques accessibles sur internet. Le site du groupe permet désormais d’accéder aux essais de deux autres médicaments, respectivement l’anti-asthmatique Seretide diskus et l’antidiabétique Avandia.

Rappelons enfin l’existence de trois bases de données extrêmement importantes : BioMed Central recense plus de 1800 essais enregistrés par quelque 206 organismes. Ils portent sur des disciplines liées à la santé génésique mais d’autres spécialités -maladies infectieuses et infantiles, développement de nouveaux vaccins- vont les rejoindre. La Base européenne de données sur les essais cliniques (EudraCT) vient elle aussi d’entrer en service. Sans oublier le Meta Fichier des essais contrôlés (mRCT).

Ces trois dernières sources sont largement ouvertes… aux seuls professionnels. Mais la mise en oeuvre de ces outils puissants apporte deux démonstrations. D’abord qu’il est aujourd’hui pratiquement impossible à un industriel de dissimuler quoi que ce soit aux administrations de tutelle. Et c’est aussi bien, puisque si le progrès de la thérapeutique est réel il ne peut se faire sans risque. Nos médicaments sont de plus en plus pointus et puissants. Ils doivent donc être de mieux en mieux contrôlés et le public toujours plus informé. Autant que possible en le préservant des pulsions et des passions.

  • Source : Lawinfo.com, The Day, British Medical Journal octobre 2004, 329 ; 935, EMEA, Afssaps

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