Quels liens entre confinement et précarité ?
04 juin 2020
Les Français souffrent davantage de difficultés financières à cause du confinement. Et ceux qui étaient déjà précaires, l’ont subi de plein fouet. Un constat sans surprise d’une équipe de l’Inserm, qui ébauche une photographie de l’impact de cette période sur notre santé mentale.
Quel a été l’impact du confinement sur la santé mentale des Français ? Pour le savoir, 1 200 personnes recrutées dans la cohorte Tempo, suivies depuis 2009 par l’équipe de recherche en épidémiologie sociale (Eres)* à Paris, ont fait l’objet d’une attention particulière au cours du confinement. Périodiquement interrogés sur leur état de santé mentale et leur consommation de produits addictifs depuis plus de 10 ans, tous les participants ont reçu un questionnaire chaque semaine depuis le 24 mars au sujet de la situation particulière du confinement.
« Cette étude – Tempo-Covid-19 – va être très utile car nous connaissons déjà la trajectoire de santé mentale et la vulnérabilité des participants grâce aux évaluations menées en 2009, 2011, 2015 et 2018 », souligne Maria Melchior, responsable de la cohorte.
Plus de difficultés financières
Au total, près de 600 participants ont répondu à au moins un des questionnaires envoyés durant le confinement. Ils ont notamment été interrogés sur « les conditions dans lesquelles (celui-ci) se déroulait (travail à l’extérieur ou à domicile, seul ou en famille, configuration de l’habitation…) ». Ces questions restaient associées à d’autres plus générales concernant la santé mentale, le risque d’anxiété, de dépression et la consommation de substances addictives.
Les premiers résultats de ce travail, encore inachevé, révèlent une augmentation de « la proportion de ceux qui ont des difficultés financières, passée de 11,7% à 14,8% du fait du confinement, voire à 24,6% en incluant ceux qui déclarent un découvert bancaire », notent les auteurs. « Or, à l’issue de la troisième semaine de confinement, 34,3% des personnes qui avaient des difficultés financières liées au confinement présentaient des symptômes anxiodépressifs, contre 20% de celles qui n’avaient pas ces difficultés. »
Reste à savoir si la santé mentale des Français sera durablement impactée par ces conséquences du confinement. D’autres résultats sont attendus dans les prochains mois.
*unité 1136 Inserm/Sorbonne Université, Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique, Équipe de recherche en épidémiologie sociale (Eres)