Qui souffre d’éco-anxiété en France ? Une première étude lève le voile.

23 avril 2025

L’éco-anxiété est désignée par les chercheurs comme une détresse psychologique liée aux inquiétudes suscitées par la crise environnementale. Médias et scientifiques s’emparent de ce sujet de préoccupation croissante dans le monde. En France, l’éco-anxiété menace la santé mentale de plus de 2 millions de personnes, selon une nouvelle étude. Qui sont-elles ?

L’éco-anxiété, définie comme une « détresse mentale face aux enjeux environnementaux », ne doit pas être confondue avec la prise de conscience de ces enjeux, qualifiée d’« éco-lucidité », ni avec l’engagement actif dans la transition, désigné comme « éco-engagement ». L’éco-anxiété ne peut (et ne doit) pas non plus être confondue avec les troubles anxieux ou la dépression, bien que, si la chronicité et l’intensité des symptômes augmentent, elle puisse conduire à ces psychopathologies.

Les répercussions de l’éco-anxiété sur la santé mentale

Afin d’établir un état des lieux objectif et scientifique, l’Observatoire de l’Éco-anxiété (OBSECA), en partenariat avec l’Agence de la transition écologique (ADEME), a mesuré pour la première fois l’impact de l’éco-anxiété sur la santé mentale des Français. Cette enquête identifie les profils les plus exposés à ce mal-être, à partir d’un outil de diagnostic validé scientifiquement.

L’étude a été menée auprès d’un échantillon représentatif de la population âgée de 15 à 64 ans. Elle a également permis de faire progresser la méthode d’évaluation de l’éco-anxiété, en s’appuyant sur un outil diagnostique validé scientifiquement. Ainsi, l’éco-anxiété apparaît comme un continuum, avec des scores et des symptômes graduels, révélant trois grands profils au sein de la population.

Plus de 2 millions de Français fortement « éco-anxieux »

Même si 75 % de la population française se déclare non, très peu ou peu éco-anxieuse, 15 % présentent une éco-anxiété modérée, avec des premiers symptômes qu’il ne faut pas laisser progresser.

Dans les chiffres, 31,5 millions de personnes ne présenteraient aucun signe, ou seulement des signes faibles, d’éco-anxiété. À l’inverse, 6,3 millions seraient moyennement éco-anxieux, avec des premiers symptômes à surveiller. Enfin, environ 5 % des Français, soit 2,1 millions de personnes, sont très fortement éco-anxieux au point de nécessiter un suivi psychologique. Parmi eux, 1 %, soit environ 420 000 individus, présentent même un risque élevé de développer une psychopathologie, telle qu’une dépression réactionnelle ou un trouble anxieux.

Les formes les plus aiguës se traduisent par des ruminations constantes sur la crise environnementale et ses conséquences, des manifestations affectives marquées (inquiétude, peur, anxiété), un sentiment de ne jamais en faire assez pour la planète, et, dans les cas les plus sévères, un repli social, des troubles du sommeil et une altération du quotidien.

Les femmes sont plus concernées que les hommes.

Aucune catégorie sociodémographique n’échappe à l’éco-anxiété

Aucune catégorie sociodémographique n’est épargnée, mais à des degrés différents. Les 25-34 sont les plus éco-anxieux, devant les 15-24 ans et les 50-64 ans. Les personnes titulaires d’un Bac+3 et plus présentent les niveaux les plus élevés d’éco-anxiété, tandis que les personnes sans diplôme en présentent les niveaux les plus faibles.

Les retraités sont les moins éco-anxieux. De plus, l’éco-anxiété est plus marquée chez les habitants des grandes agglomérations, en particulier en région parisienne, ainsi que chez ceux qui s’intéressent fortement aux questions environnementales.

Transformer l’éco-anxiété en éco-action

Pour Valérie Martin, de l’Agence de la transition écologique (ADEME), « cette étude confirme la nécessité de mettre à disposition des outils permettant de s’engager concrètement dans la transition et de faire face à ce phénomène. » En effet, il faut agir : l’éco-anxiété doit être comprise comme une détresse psychologique progressive, s’inscrivant sur un continuum entre la santé mentale positive (bien-être psychologique) et les psychopathologies, qui pourraient affecter un nombre croissant de Français à mesure que son intensité augmente, en parallèle avec l’annonce de catastrophes écologiques suscitant davantage d’inquiétudes. Si l’éco-anxiété devient chronique ou se renforce sans intervention, elle risque d’évoluer négativement.

Cependant, elle peut également prendre une tournure positive si elle est perçue comme un processus d’adaptation face à la crise environnementale. Cela nécessite une régulation émotionnelle pour réduire les inquiétudes, ainsi qu’un passage à l’éco-action, en adéquation avec les ressources de l’individu, afin de renforcer son pouvoir d’agir.

Pour les auteurs du rapport, ces données mettent fin au débat : l’éco-anxiété ne doit plus être minimisée ni considérée comme un phénomène de mode. Plus encore, elle ne doit pas être réduite à un seul argument idéologique, ce qui négligerait les réelles souffrances des personnes éco-anxieuses.

En savoir plus : le rapport Éco-anxiété en France

  • Source : Pierre-Eric SUTTER, Léonie MESSMER, Sylvie CHAMBERLIN- Éco-anxiété en France- Enquête réalisée du 26 août au 4 septembre 2024 auprès de 998 personnes âgées de 15 à 64 ans) mis en ligne 15/04/2025

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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