Radiothérapie au cours de l’enfance, diabète à l’âge adulte ?

23 août 2012

Certains adultes traités par radiothérapie au cours de leur enfance, seraient particulièrement exposés au risque de diabète. Celui-ci dépendrait particulièrement de la dose d’irradiation reçue au niveau du pancréas, comme le montre pour la première fois, une équipe française de l’INSERM.

Florent de Vathaire et son équipe de l’Institut Gustave Roussy à Villejuif ont travaillé à partir d’une cohorte franco-anglaise de 2 520 sujets. Tous avaient été traités pour un cancer au cours de leur enfance. Ils présentaient aussi le point commun d’être guéris « depuis au moins 20 ans ».

Au total, les auteurs ont relevé 65 cas de diabète parmi cette population. L’incidence a été toutefois bien plus élevée parmi les sujets qui ont été traités par radiothérapie (6,6%) par rapport aux autres (2,3%). Mais surtout les chercheurs montrent que le facteur qui détermine le risque de diabète à l’âge adulte est la dose de rayonnement reçue au cours de la radiothérapie. Précisément au niveau de la queue du pancréas, où sont concentrés les îlots de Langerhans, les cellules responsables de la sécrétion d’insuline. C’est ainsi que les chercheurs font état d’un risque de diabète particulièrement élevé chez les adultes ayant souffert d’un néphroblastome.

Et maintenant, le diabète radio-induit…

« Environ la moitié des cas était des diabètes de type 1 », nous précise Florent de Vathaire. « Nous n’avons cependant pas les anticorps. En toute logique cela devrait être des diabètes de type 2 en majorité. Mais cette notion (type 1 ou 2 ) n’a pas tellement de sens dans le cas des diabètes radio-induits qui constituent une entité nouvelle. »

Il ajoute que la « dose-effet est très forte. (…) L’incidence du diabète à l’âge de 45 ans est de 16,3% chez les sujets qui ont reçu plus de 10 Gray (Gy) au niveau de la queue du pancréas. Pour les doses faibles et modérées, chaque Gy reçu à ce niveau augmente de 65% le risque de diabète ultérieur ». Il conclut sur le fait que « le pancréas doit être considéré comme un organe critique lors de la planification d’une radiothérapie, en particulier chez les enfants. » En attendant, en tout cas, la confirmation de ces résultats au cours de prochaines études.

Légende illustration : Dose de radiation reçue au niveau de la queue du pancréas dans la prise en charge d’un néphroblastome (en rose) et d’autres types de cancers (en blanc).

  • Source : INSERM, 22 août 2012 – The Lancet Oncology, 23 août 2012, doi.org/10.1016/S1470-2045(12)70323-6 - Interview de Florent de Vathaire, 22 août 2012

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