Rebond « sans précédent » des cas de méningite à méningocoques en France

15 novembre 2023

En retraçant l’évolution des cas de méningite à méningocoques en France entre 2015 et 2022, l’Institut Pasteur a mis en évidence un « rebond sans précédent de la maladie après l’arrêt des mesures sanitaires mises en place pendant l’épidémie de Covid-19. » Une situation concernant surtout les 16-24 ans.

La méningite à méningocoques est une infection des fines membranes enveloppant le cerveau et la moelle épinière. Elle se transmet « par des gouttelettes de sécrétions respiratoires ou pharyngées », décrit l’Organisation mondiale de la Santé. Un contact étroit à l’occasion d’un baiser, un éternuement, la toux ou la promiscuité avec une personne infectée favorisent la propagation de la maladie. 

Ainsi, lors de l’épidémie de Covid-19, les gestes barrières comme le port du masque et la distanciation physique ont eu des conséquences positives sur la méningite à méningocoques qui a vu son nombre de contaminations chuter de plus de 75 % en 2020 et 2021.

Mais avec l’abandon de ces gestes barrières, la maladie « a connu un rebond sans précédent à l’automne 2022, avec aujourd’hui (…) un nombre de cas supérieur à la période qui a précédé la pandémie de Covid-19 », explique Samy Taha, chercheur dans l’unité Infections bactériennes invasives à l’Institut Pasteur. Si 298 cas ont été enregistrés entre janvier et septembre 2019, 421 contaminations ont déjà été répertoriées entre janvier et septembre 2023…  alors même que le pic hivernal n’a pas encore eu lieu.

2 souches virulentes

Concernant les méningites à méningocoque, 12 sérogroupes ont été répertoriés. « Ceux des groupes W et Y sont apparus beaucoup plus nombreux que les autres après la pandémie », illustre Ala-Eddine Deghmane, du Centre national de référence des méningocoques à l’Institut Pasteur. Autrement dit, les souches bactériennes de méningocoques aujourd’hui responsables de méningites ne sont plus les mêmes que celles qui circulaient avant la pandémie. « Et si toutes les catégories d’âge sont concernées, il s’avère que les plus touchées par cette nouvelle vague de méningites sont les jeunes de 16 à 24 ans ».

« Cette recrudescence de la méningite pourrait bien s’amplifier dans les mois à venir avec l’épidémie de grippe saisonnière », alerte l’Institut Pasteur.  « En effet, le virus de la grippe crée un contexte favorable au développement des bactéries méningocoques. »

Sans traitement, mortelle à 100%

Comme l’explique Muhamed-Kheir Taha, responsable de l’unité Infections bactériennes invasives et du Centre national de référence des méningocoques à l’Institut Pasteur, « il ne faut pas oublier que sans traitement, les méningites bactériennes sont quasiment mortelles à 100 % et même correctement traitées, la mortalité reste de 10%. »

Il est donc urgent de rappeler qu’il existe un vaccin tétravalent ciblant les méningocoques de groupes A, C, Y et W. Si celui-ci « était recommandé auprès des adolescents, cela permettrait de les protéger directement mais aussi de protéger indirectement les autres catégories de la population », conclut l’Institut Pasteur.

A noter : Les méningocoques sont des bactéries normalement présentes dans la gorge et le nez de nombreuses personnes. Le plus souvent, ils n’entrainent pas de maladies particulières, mais dans certains cas, ils peuvent provoquer des maladies très graves comme les méningites.

  • Source : Institut Pasteur

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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