Réduire d’un tiers les accidents cardio-vasculaires, c’est possible

09 mai 2003

On peut désormais prévenir les accidents cardio-vasculaires chez les sujets à haut risque, et sauver ainsi de nombreuses vies. Une vaste étude publiée dans The Lancet, la Heart Protection Study (HPS), vient d’en apporter la preuve.

Ses résultats sans précédent ont des implications majeures en termes de santé publique. Une étude originale, vraiment. Réalisée à la demande du National Health Service britannique, qui a d’ailleurs participé à son financement. L’objectif était d’évaluer la réalité du bénéfice apporté par la simvastatine, traitement hypocholestérolémiant de référence et aussi la première des statines mises au point. Plus de 20 000 patients recrutés dans 69 hôpitaux britanniques ont été suivis pendant plus de 5 ans, et comparés contre placebo.

La cohorte était exceptionnelle par sa taille, mais aussi par la variété des populations étudiées. Les investigateurs n’ont laissé personne dans l’ombre. Toutes les populations où ce type de traitement n’avait pratiquement jamais été évalué ont été étudiées : patients souffrant d’angine de poitrine, de diabète ou d’artérite, malades avec des antécédents d’accidents vasculaires cérébraux et même… des femmes, une population inexplicablement négligée depuis des années. Peut-être au motif qu’elles seraient protégées des maladies cardiovasculaires, au moins jusqu’à la ménopause ?

Quoi qu’il en soit les résultats sont éloquents : sur 5 ans par rapport au placebo, la baisse de mortalité a été estimée à 13% au total, et de 18% pour les décès par maladie coronaire. Par ailleurs, les auteurs ont observé une réduction de 25% du risque d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral et d’artérite des membres inférieurs.

Au CHU Henri Mondor de Créteil, près de Paris, le Pr Alain Castaigne affirme que « ces bénéfices concernent tous les types de sujets inclus dans l’étude, quels que soient leur sexe et leur âge (au-dessous de 80 ans), et quel que soit leur taux de cholestérol initial, même s’il est normal ou bas. Les résultats de cette étude élargissent considérablement les indications de la simvastatine. Elles s’étendent désormais aux sujets dont le cholestérol avant traitement est normal ou bas, qu’il s’agisse de non diabétiques ayant des antécédents cardiovasculaires ou de diabétiques sans antécédents cardio-vasculaires pour peu qu’ils présentent des facteurs de risque surajoutés : un âge supérieur à 65 ans, une hypertension artérielle, un tabagisme ou une insuffisance rénale. Soit pratiquement les trois-quarts des diabétiques ».

Grâce aux résultats de cette étude, de nombreux malades qui ne bénéficiaient d’aucun traitement faute d’indication vont désormais pouvoir être pris en charge. Ainsi les auteurs d’HPS évaluent-ils à environ un tiers la diminution du nombre d’accidents cardiovasculaires, mortels ou non, que l’on peut en attendre. A titre d’exemple, dans un pays comme la France nous enregistrons chaque année 150 000 accidents vasculaires cérébraux et plus de 120 000 accidents cardiovasculaires !

  • Source : interview du Pr Alain Castaigne, et Heart Protection Study of cholesterol lowering with simvastatin in 20536 high-risk individuals : a randomised placebo controlled trial, Lancet 2002, 360: 23-33.

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