Rendez-vous virtuels : si loin, si proches
25 mai 2020
Pendant la période de confinement, peut-être avez-vous multiplié les rendez-vous virtuels avec famille et amis. Sans doute allez-vous continuer pendant encore quelques temps, si vos proches vivent à plusieurs centaines de kilomètres, voire à l'étranger. Bonne nouvelle : selon une étude suédoise, communiquer à distance, c'est (quand même) mieux que rien.
La communication à distance est-elle vraiment de la communication ? Permet-elle de se sentir vraiment « ensemble » ? Peut-on se sentir proche, sans se toucher et à travers un écran ? Oui, c’est possible, si l’on en croit les résultats d’une étude de la Linköping University (Suède), publiée dans le Journal of Multilingual and Multicultural Development. Alors qu’à travers le monde, des millions de personnes doivent se contenter de ce type d’échanges pour cause de crise sanitaire, que nous apprend ce travail ?
D’abord, la méthode : il s’agit d’une étude qualitative, réalisée avec un petit échantillon et centrée sur la manière dont trois familles ayant déménagé en Chine communiquent avec leurs proches restés en Europe. Les chercheurs ont analysé les interactions verbales et physiques des participants dans quatre appels vidéo, passés par téléphone portable ou ordinateur. Des caméras ont aussi été installées au domicile des participants pour étudier leurs mouvements lorsqu’ils étaient hors-ligne.
Tape dans la main
Comment ces familles maintiennent-elles un lien alors que des dizaines de milliers de kilomètres les séparent ? Premier enseignement : la proximité peut être recréée, même en vidéo. Plus que le langage, ce sont principalement le corps et les sens qui sont à l’œuvre. Un atout certain quand la conversation inclut des enfants en bas âge qui ne maîtrisent pas totalement la communication verbale : leur participation est ainsi facilitée.
L’humour peut également contribuer à créer une proximité émotionnelle. Lorsque l’on se moque gentiment d’un cadrage hasardeux, par exemple. Ou lorsque l’on trouve des solutions pour dépasser la contrainte de la technologie. C’est ainsi que dans l’étude est évoqué l’exemple d’un enfant de trois ans vivant en Chine et de ses grands-parents restés en Europe. Ils ont pris l’habitude de se donner une tape dans la main par écran interposé. Le contact physique est impossible, mais l’expérience existe quand même grâce à l’image et à la parole. Évoquer des souvenirs communs permet également de faire vivre le lien… en attendant de se voir enfin, en vrai.
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Source : Journal of Multilingual and Multicultural Development, le 19 mai 2020
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet