SAMU : les urgences vont-elles changer après le décès de Naomi Musenga ?
15 mai 2018
©Destination Santé
Suite au décès tragique de Naomi Musenga après son appel au SAMU de Strasbourg, Agnès Buzyn, la ministre en charge de la Santé, a reçu hier les représentants des organisations professionnelles et syndicales de médecins.
« Plusieurs points d’amélioration des services du SAMU ont été identifiés », indique la ministre dans un communiqué. Il s’agit notamment « d’homogénéiser et harmoniser les procédures, les formations et systématiser les retours d’expérience ». Le fait que ces éléments ne soient pas déjà en place laisse perplexe. En effet, pour le décès de Naomi Musenga, « nous sommes en présence d’une erreur professionnelle », souligne le Dr Patrick Pelloux, président de l’Association des Médecins urgentistes de France (AMUF). Mais « le système a tout de même besoin d’être refondé puisqu’il est confronté à un débordement ». Avec 30 millions d’appels chaque année, la gestion est difficile.
« Tous les appels ne passent pas forcément par un médecin, car il y a trop d’appels et pas assez de médecins », insiste-t-il. « Et nous n’en aurons jamais assez… » Pour autant, malgré les dysfonctionnement, « il ne faut pas casser tout le système », revendique l’urgentiste. « Ce qui s’est passé est vraiment dramatique et on se doit d’apporter des solutions de manière à ce que cela ne se reproduise pas. »
Urgences pures ou régulation de toute la santé ?
Le président de l’AMUF a pu soumettre hier à la ministre les positions de son organisation concernant les évolutions que devraient prendre les urgences en France. « Il existe un débat dans la profession », souligne-t-il. Deux visions s’affrontent. « Celle soutenue par Samu urgences de France qui souhaite une régulation de toute la santé, avec des grandes plateformes e-santé réunissant les médecins libéraux, le Samu social et les urgences », rapporte Patrick Pelloux. « Et celle de l’AMUF qui souhaite un travail en commun avec les sapeurs pompiers et réaffirmer le périmètre des urgences pour ne pas être noyés dans tous les appels pour la santé ».
Un débat très politique s’est donc engagé. La ministre de la Santé va devoir trancher même si pour le moment elle a « botté en touche », selon Patrick Pelloux. « Elle a rappelé attendre le rapport de la mission de l’Igas en cours actuellement. »
Des formations hétérogènes
La formation des assistants de régulation médicale n’est pas la même partout. « A l’heure actuelle, un de ces agents peut débuter après une formation sur le tas de 2 mois, ce qui n’est pas normal », estime le Dr Pelloux. « C’est un métier trop important pour ne pas être validé par une formation qualifiante. » C’est pourquoi l’AMUF a proposé « que la formation des assistantes de régulation médicale et des stationnaires sapeurs-pompiers soit faite à partir des facultés de médecine et donne accès à un niveau de licence », précise-t-il.
Les organisations reçues hier par la ministre doivent lui remettre leurs propositions d’ici au 1er juillet.
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Source : ministère en charge de la Santé, 14 mai 2018 – interview du Dr Patrick Pelloux, 15 mai 2018
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet