Santé cardiovasculaire, le tabac tue toujours plus de femmes

27 mai 2016

En 30 ans, le nombre de décès liés à l’usage du tabac chez les femmes a été multiplié par 7. A l’occasion de la Journée Internationale d’Action pour la Santé des Femmes (samedi 28 mai) et de la Journée Mondiale sans Tabac (mardi 31 mai), la Fédération Française de Cardiologie (FFC) alerte sur l’évolution inquiétante des accidents cardiovasculaires chez les femmes. En cause : la progression de leur tabagisme.

Selon les données de prévalence les plus récentes (2010), la mortalité totale attribuable au tabagisme en France a été évaluée à 78 000 décès annuels. Les femmes en font largement les frais. Et ce d’autant qu’elles sont de plus en plus nombreuses à fumer. Or avant 50 ans, plus d’un infarctus sur deux chez la femme est lié au tabac. Une consommation même de seulement 3 ou 4 cigarettes par jour constitue un risque d’accidents cardiovasculaires.

Selon le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire paru en mars dernier, une évolution importante de l’incidence des hospitalisations pour infarctus du myocarde entre 2008 et 2013 chez les femmes de moins de 65 ans et en particulier chez celles de 45 et 54 ans aurait un lien direct avec la progression du tabagisme féminin. « Les femmes qui ont commencé à fumer entre 15 et 20 ans, dans les années 70-80 arrivent maintenant à l’âge où comme les hommes fumeurs, elles font des accidents coronaires précoces », s’inquiète le Pr Daniel Thomas, cardiologue, expert Tabac à la FFC.

Tabac + pilule, mélange explosif

Les risques cardiovasculaires sont liés, chez les femmes, à 3 composantes : le tabagisme, l’âge et le type de contraception. « Dans le cas de l’association tabac-contraception avec estrogènes de synthèse, les femmes ont tendance à penser à tort que la contraception constitue le danger principal alors que le tabac est le grand responsable des thromboses et accidents cardiovasculaires ! » explique le Pr Daniel Thomas. Lequel insiste : « pour les femmes de moins de 35 ans, il ne faut pas se tromper de cible : c’est la cigarette qu’il faut arrêter et non la contraception ».

Après 35 ans, et comme l’indiquent les recommandations récentes du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, « il est toujours important d’arrêter le tabac et si on reste fumeuse, de changer de mode de contraception. Les progestatifs à petites doses (implant, stérilet, ou comprimé) sont autorisés si les facteurs de risque classiques sont bien contrôlés ! »

Un sevrage à tout âge !

Arrêter de fumer avant 40 ans élimine à 90% le sur-risque ultérieur de décès par maladie cardiovasculaire et stopper avant 30 ans permet d’atteindre les 100 %. Le message essentiel est donc : arrêtez le plus tôt possible. Mais il n’y a pas d’âge au-delà duquel en finir avec cette addiction soit sans bénéfice. « Il est capital d’accroitre les mises en garde et de mettre en place un accompagnement solide auprès des femmes » conclut le Pr Daniel Thomas.

  • Source : Fédération française de Cardiologie, 11 mai 2016

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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