Santé des nourrissons : le poids du pétrole et du gaz
08 juin 2020
Une vaste étude a été menée en Californie pour tenter de mesurer les effets de l'exploitation du pétrole et du gaz sur une population particulièrement fragile : les nouveaux-nés. Dans certaines zones, ils naissent plus petits, avec un poids plus faible que la moyenne.
En Californie, l’industrie gazière et pétrolière est plus que centenaire. Plusieurs équipes de chercheurs se sont déjà penchées sur les effets de cette industrie à fort impact environnemental (pollutions des eaux, des sols, de l’air…) sur les enfants à naître. Des associations entre prématurité, malformations cardiaques… et grossesses à proximité de sites d’extraction ont déjà été établies.
Cette fois, l’équipe menée par Rachel Morello-Frosch, professeure de santé publique et sciences environnementales à l’Université de Berkeley, s’est intéressée à la taille et au poids des nouveaux-nés à la naissance. Les données de plus de trois millions de petits Californiens, dont les mères vivaient à proximité de sites d’exploitation de gaz et de pétrole entre 2006 et 2015, pendant leur grossesse, ont été recueillies et analysées. Les résultats viennent d’être publiés dans la revue Environmental Health Perspectives.
Surtout les zones rurales
Que montrent-ils ? Que dans les zones rurales, les femmes enceintes résidant à moins d’un kilomètre des sites les plus productifs étaient 20% plus susceptibles d’avoir des bébés petits pour leur âge gestationnel, et 40% plus susceptibles de donner naissance à des bébés de faible poids, par rapport aux femmes vivant plus loin des puits ou à proximité de puits inactifs.
Dans le détail, parmi les grossesses menées à leur terme, les bébés pesaient en moyenne 36 grammes de moins que les autres. « D’un point de vue clinique individuel, cela peut ne pas sembler beaucoup », reconnaît Rachel Morello-Frosch. Mais « être né avec un faible poids et une petite taille pour l’âge gestationnel peut affecter le développement des nouveaux-nés et augmenter les risques de problèmes de santé pendant leur petite enfance, et même à l’âge adulte ».
Pour la chercheuse, ces « résultats peuvent éclairer la prise de décision en matière d’application de la réglementation et des activités d’autorisation » de nouveaux sites de forage. « Cette preuve scientifique des effets néfastes sur la santé auxquels sont confrontées les populations vulnérables, y compris les femmes enceintes, devrait être prise en compte ». Début avril, 24 nouveaux permis de fracturation hydraulique* ont pourtant été délivrés en Californie.
*Technique qui consiste à fissurer une roche avec l’injection d’un liquide sous pression, pour récupérer gaz ou pétrole
-
Source : Environmental Health Perspectives, le 3 juin 2020
-
Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet