Santé : deux tiers des diagnostics sur internet sont faux
29 mai 2020
Qui n'a jamais tapé dans son moteur de recherche les « symptômes » d'une supposée « maladie » ? C'est humain, mais source de nombreuses erreurs, nous indique une étude australienne. Deux tiers des « autodiagnostics » en ligne seraient en fait erronés.
Une douleur inhabituelle survient et vous vous précipitez sur votre smartphone ou votre ordinateur pour rechercher frénétiquement à quoi elle pourrait bien correspondre. De page consultée en page consultée, l’angoisse monte. C’est peut-être grave… ou pas. Selon une étude de l’université australienne Edith Cowan de Perth parue dans le Medical Journal of Australia, les « vérificateurs de symptômes en ligne » ne seraient vraiment précis que dans un tiers des cas.
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs se sont penchés sur 36 « vérificateurs de symptômes » du monde entier, alimentés par l’intelligence artificielle, que l’on peut consulter depuis son smartphone ou son ordinateur. Première étape : vous choisissez les symptômes qui vous correspondent. Deuxième étape : le site ou l’application vous propose une série de « diagnostics ». Dans 36% des cas, le premier résultat proposé correspond à un diagnostic correct. Ce diagnostic adapté apparaît parmi les trois premiers résultats dans 52% des cas. Autrement dit, deux fois sur trois, le diagnostic émis en première intention tombe à côté.
A consulter avec prudence
Pour Michella Hill, autrice principale de l’étude, « ces sites et applications doivent être consultés avec beaucoup de prudence car ils ne regardent pas l’image dans son ensemble : ils ne connaissent pas vos antécédents médicaux ou d’autres symptômes ». Il semblerait en revanche que les conseils donnés pour évaluer si, où et quand consulter soient plus précis, particulièrement en cas d’urgence : l’étude relève que les conseils pour voir un médecin ou se rendre à l’hôpital sont appropriés dans 60% des cas. Le résultat tombe à moins de 40% quand il ne s’agit pas d’une urgence.
Concernant la situation de pandémie mondiale au Covid-19, l’autrice indique que ces « vérificateurs de symptômes en ligne » sont utilisés à bon escient. Le National Health Service (NHS) britannique utilise par exemple ces outils pour surveiller les symptômes et les emplacements potentiels de « points chauds » d’émergence de la maladie sur son sol ». Mais, comme souvent lorsqu’il s’agit d’intelligence artificielle, la chercheuse pointe le manque de réglementation concernant l’exploitation des données recueillies par ces sites et applications.
A noter : Environ 7% des requêtes des Internautes sur le moteur de recherche Google concernent la santé. Cela représente environ 70 000 recherches par minute dans le monde entier, selon le patron de Google Health.
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Source : Medical Journal of Australia, le 25 mai 2020
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet