Santé en Europe : les résultats très « moyens » de la France
23 mai 2012
Sommes-nous en meilleure santé que nos voisins européens ? Notre système de soins est-il vraiment aussi exemplaire que nous affectons de le croire ? Le Haut Conseil de la Santé publique français (HCSP) vient de rendre public son tout premier rapport. Celui-ci compare en effet la situation de la France avec celle que l’on peut observer dans les 27 pays de l’Union européenne. Si la France présente de bons résultats en termes d’espérance de vie, de natalité et de prévention routière notamment, les voyants sont au rouge pour ce qui concerne différents domaines : la mortalité périnatale, le suicide et la mortalité prématurée notamment.
Ce qui va bien
– L’espérance de vie des Françaises (85,3 ans) est la plus élevée de toute la zone UE. Pour les hommes en revanche, la France n’occupe que la 8e place, avec seulement 77,8 ans d’espérance de vie à la naissance ;
– Autre bon point, la natalité. Sans surprise, notre pays se place dans le peloton de tête avec un taux de 12,7 naissances pour 1 000 habitants. Ce qui nous place néanmoins derrière l’Irlande et le Royaume-Uni ;
– Depuis les années 1980, le nombre de blessés sur la route ne cesse de baisser. A tel point que notre pays se classe aujourd’hui à la 2e place des pays le plus « sûrs ». Toutefois, « ce résultat doit être relativisé en raison du sous-enregistrement des blessés légers contrairement à des pays comme l’Allemagne et le Royaume-Uni », précisent les auteurs. Le nombre de tués – 75 pour un million d’habitants en 2009 – a lui aussi baissé, plaçant notre pays en 8e position sur 27 ;
– Dernier élément positif, le rapport révèle que la durée moyenne d’un séjour hospitalier en France est « relativement faible ». Différents actes tels que la chirurgie de la cataracte, les chimiothérapies anticancéreuses notamment, sont fréquemment réalisés en ambulatoire.
« Ce qui doit être amélioré »
– La mortalité périnatale figure au premier plan des éléments préoccupants en France. Avec 13,9 morts fœtales et néonatales pour 1 000 naissances en 2009, notre pays se place en tête d’un classement peu glorieux. « La politique active de dépistage des anomalies congénitales et la pratique d’interruptions médicales de grossesse relativement tardives, expliquent la majeure partie de l’excès », soulignent les auteurs ;
– La mortalité prématurée elle aussi, est trop élevée en France. Surtout chez les hommes ;
– Alcool, tabac et drogues. Malgré de nombreuses campagnes de prévention, la France se place encore à la 4e place des pays les plus consommateurs de ces toxiques. Elle y figure juste derrière l’Estonie, la République Tchèque et l’Irlande. Elle se distingue surtout, par un usage de cannabis parmi les plus élevés d’Europe;
– La mortalité par suicide est un problème majeur de santé publique en France. Dans l’UE, elle présente le 7e taux de décès le plus élevé chez les hommes. Et le 5e chez les femmes ;
– Le taux d’incidence des cancers apparait particulièrement élevé dans l’Hexagone : 361 pour 100 000 pour les hommes (moyenne européenne à 308 pour 100 000) et 255 pour 100 000 chez les femmes (contre 233/100 000). « Si un tel résultat peut supposer des faiblesses en matière de prévention, il peut aussi traduire une excellente qualité de dépistage », modulent quelque peu les auteurs. ;
– Enfin le taux d’équipement en imagerie médicale reste faible en France, malgré une amélioration notable ces dernières années. Résultat, les délais d’attente demeurent très élevés au regard de la moyenne européenne.
« En matière de santé, la France est aujourd’hui un pays ‘moyen’, parfois meilleur que certains mais pas toujours », conclut Roger Salamon, président du HCSP. Si la remarque ne vaut qu’au regard des autres pays de l’Union européenne, bien des efforts restent à accomplir. Nous reviendrons sur différents aspects de ce rapport au cours des prochains jours, afin d’en approfondir l’analyse.
Aller plus loin :
– Consultez l’intégralité du rapport de l’HCSP intitulé La santé en France et en Europe : convergences et contrastes.