Santé mentale : des ados pour aider d’autres ados ?
22 janvier 2021
Proposer à des adolescents le soutien de certains de leurs pairs pour surmonter les moments difficiles. Voici le concept de nombreux programmes mis en place aux Etats-Unis notamment. Bénéficiant d’une formation, ces jeunes constituent ainsi une ressource pour leurs camarades en souffrance. Une étude récente révèle que les parents y sont largement favorables.
Répandu dans les pays anglo-saxons, le concept de « pair-aidance » correspond à l’assistance apporté par un individu à un autre, disposant d’une expérience similaire. Un même cancer, une addiction commune… ou le même âge. Une équipe de l’University of Michigan a ainsi interrogé des parents sur l’intérêt d’un tel programme auprès de leurs adolescents. C’est en effet une méthode, proposée dans plusieurs lycées Outre-Atlantique, dans laquelle certains jeunes sont formés et encadrés par des adultes pour devenir des interlocuteurs identifiés par leurs camarades. Un adolescent a une question qui l’embarrasse, il est victime de harcèlement ou a simplement besoin de se confier durant une période de stress ? Il sait alors à qui se confier.
Pourquoi ce concept ? L’enquête menée auprès de 1 000 parents d’adolescents âgés de 13 à 18 ans fournit justement une explication. Selon 38% d’entre eux, si leur adolescent était en souffrance, il irait probablement s’adresser plus facilement à un autre adolescent qu’à un adulte. Comme dans les programmes d’alcooliques anonymes, la personne en souffrance se sent mieux comprise par quelqu’un qui vit ou a traversé la même difficulté.
Lorsqu’un tel programme existait déjà dans l’école de leur enfant, les parents interrogés se sont également révélés deux fois plus favorables que les autres à ce système. La preuve qu’une fois testé, il est rapidement adopté.
Les adolescents sont-ils capables d’endosser le rôle de pair-aidant ?
Des parents expriment toutefois une inquiétude quant à la capacité de leurs adolescents à savoir réagir dans certaines situations. Sont-ils réellement assez matures pour cela ? Ainsi 62% des parents interrogés s’inquiètent que ces jeunes ne gardent pas confidentielles les informations recueillies. En outre, 57% ont peur qu’ils ne sachent pas déterminer quand un problème nécessite l’intervention d’un adulte.
Autre préoccupation : l’adolescent risque-t-il de se sentir responsable si un autre jeune tente de se suicider par exemple, alors qu’il s’est adressé à lui via le programme de « pair-aidance » ? Selon les auteurs, « ces programmes doivent être menés en lien avec des adultes qualifiés dans le soutien des jeunes, et notamment en matière de prévention du suicide ».
« Il faut tout un village pour élever un enfant »
Même si la présence des adultes (parents, enseignants…) est primordiale dans la vie d’un adolescent, « il faut tout un village pour élever un enfant », rappellent les auteurs. Pour l’élever et pour « le soutenir et l’aider à identifier les signes d’un danger ». Et « les pairs peuvent aussi être une ressource pour assister les adolescents ayant besoin de se confier », concluent-ils. Peut-être une idée à envisager en France ?
A noter: Un adolescent sur cinq présente des symptômes de souffrance mentale comme la dépression ou l’anxiété. Et le suicide représente la deuxième cause de mortalité dans cette population.
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Source : Michigan Medicine – University of Michigan, janvier 2021
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet