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Répandu dans les pays anglo-saxons, le concept de « pair-aidance » correspond à l’assistance apporté par un individu à un autre, disposant d’une expérience similaire. Un même cancer, une addiction commune… ou le même âge. Une équipe de l’University of Michigan a ainsi interrogé des parents sur l’intérêt d’un tel programme auprès de leurs adolescents. C’est en effet une méthode, proposée dans plusieurs lycées Outre-Atlantique, dans laquelle certains jeunes sont formés et encadrés par des adultes pour devenir des interlocuteurs identifiés par leurs camarades. Un adolescent a une question qui l’embarrasse, il est victime de harcèlement ou a simplement besoin de se confier durant une période de stress ? Il sait alors à qui se confier.
Pourquoi ce concept ? L’enquête menée auprès de 1 000 parents d’adolescents âgés de 13 à 18 ans fournit justement une explication. Selon 38% d’entre eux, si leur adolescent était en souffrance, il irait probablement s’adresser plus facilement à un autre adolescent qu’à un adulte. Comme dans les programmes d’alcooliques anonymes, la personne en souffrance se sent mieux comprise par quelqu’un qui vit ou a traversé la même difficulté.
Lorsqu’un tel programme existait déjà dans l’école de leur enfant, les parents interrogés se sont également révélés deux fois plus favorables que les autres à ce système. La preuve qu’une fois testé, il est rapidement adopté.
Des parents expriment toutefois une inquiétude quant à la capacité de leurs adolescents à savoir réagir dans certaines situations. Sont-ils réellement assez matures pour cela ? Ainsi 62% des parents interrogés s’inquiètent que ces jeunes ne gardent pas confidentielles les informations recueillies. En outre, 57% ont peur qu’ils ne sachent pas déterminer quand un problème nécessite l’intervention d’un adulte.
Autre préoccupation : l’adolescent risque-t-il de se sentir responsable si un autre jeune tente de se suicider par exemple, alors qu’il s’est adressé à lui via le programme de « pair-aidance » ? Selon les auteurs, « ces programmes doivent être menés en lien avec des adultes qualifiés dans le soutien des jeunes, et notamment en matière de prévention du suicide ».
Même si la présence des adultes (parents, enseignants…) est primordiale dans la vie d’un adolescent, « il faut tout un village pour élever un enfant », rappellent les auteurs. Pour l’élever et pour « le soutenir et l’aider à identifier les signes d’un danger ». Et « les pairs peuvent aussi être une ressource pour assister les adolescents ayant besoin de se confier », concluent-ils. Peut-être une idée à envisager en France ?
A noter: Un adolescent sur cinq présente des symptômes de souffrance mentale comme la dépression ou l’anxiété. Et le suicide représente la deuxième cause de mortalité dans cette population.
Source : Michigan Medicine – University of Michigan, janvier 2021
Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet